Malgré la petitesse des insectes les paléontologues arrive a trouver des fossiles d’insectes qui viennent de plus en plus loin dans le temps de l’histoire de la vie sur Terre
Nuage
Découverte d’un fossile complet d’un insecte vieux de 365 millions d’années
Le fossile d’une mouche (Nature/AFP/Archives, D. Huang)
De Véronique MARTINACHE (AFP)
PARIS — 8 mm de long, un thorax séparé de la tête et de l’abdomen, trois paires de pattes et quelque 365 millions d’années : des chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle (France) ont annoncé avoir découvert le premier fossile complet d’un insecte du Dévonien Supérieur.
Le dénommé Strudiella devonica a été découvert par l’équipe d’André Nel sur un site de la localité de Strud (province de Namur), en Belgique. Sa découverte fait l’objet d’une publication mercredi dans la revue scientifique britannique Nature.
“C’est le premier fossile à peu près complet pour la période du Dévonien”, a souligné André Nel auprès de l’AFP. “Or c’est à cette époque que ces animaux ont commencé à se diversifier, ont commencé à conquérir les terres émergées”, a-t-il poursuivi.
“C’est un jalon, un témoin”, qui vient vérifier les datations moléculaires (à partir de l’étude de l’ADN), selon lesquelles “les insectes sont très anciens”, a-t-il expliqué.
Jusqu’à présent, les seuls restes fossilisés d’insectes de cette période étaient deux mandibules, trouvées en Ecosse.
Strudiella devonica vient ainsi combler le trou entre Rhyniella praecursor (400 millions d’années), collembole considéré comme proche parent des insectes, et le Carbonifère (entre 300 et 330 millions d’années), riche en insectes fossiles de toutes sortes.
Probablement une larve d’un insecte ailé
Strudiella devonica a été mis au jour “dans une argile un peu sableuse, très fine”, a précisé André Nel.
“C’est probablement un animal terrestre qui est arrivé dans une mare envahie par des crustacés carnivores qui existent encore, les triops, une sorte de crevette”, a-t-il raconté.
Coup de chance pour les chercheurs, Strudiella devonica a échappé à la voracité de ces triops, même si le fossile n’est pas “en très bon état”.
Selon le chercheur, il s’agit probablement d’un animal mangeur de végétaux.
“Là où on n’a pas eu de chance, a poursuivi André Nel, c’est qu’il s’agit d’une toute petite bête, probablement une larve d’un insecte ailé”.
“On sait que c’est un animal appartenant à la lignée d’insectes ailés parce que ses mandibules sont typiques des insectes ailés, elles ressemblent aux mandibules qu’on peut trouver chez les blattes ou les sauterelles actuelles”.
“Il a des pattes, des antennes, un thorax, un abdomen, comme tout insecte qui se respecte, mais pas encore d’ailes”, a-t-il décrit. “C’est dommage, parce qu’on ne sait pas quand l’aile et apparue ni à quoi pouvaient ressembler les premières ailes”, a regretté le chercheur.
“S’il s’agit, comme les auteurs le suggèrent, du fossile d’un animal au stade larvaire qui aurait eu des ailes à l’âge adulte, cela voudrait dire que l’origine des insectes ailés est beaucoup plus précoce” que ce que la paléontologie laissait penser jusqu’à présent, a commenté dans la revue Nature William Shear (Hampden-Sydney College, Virginie, Etats-Unis).
L’espoir des scientifiques est maintenant de trouver des insectes mieux conservés, des adultes avec des ailes.
“On sait qu’il y a des insectes ailés au Dévonien supérieur, il faut trouver leurs ailes”, a conclu André Nel.