Jean-Luc Borgeat participe à un film dur et poignant de Stéphane Brizé: Quelques heures de printemps, avec Hélène Vincent, Vincent Lindon, Emmanuelle Seigner et Olivier Perrier, notamment.
L’émotion était au rendez-vous dimanche soir sur la Piazza Grande, ou pour beaucoup dans la salle de la FEVIoù la projection était doublée pour cause de pluie. À l’affiche, après un bref hommage au cinéma africain subsaharien présent à l’enseigne de la section Open Doors : le nouveau film de Stéphane Brizé, Quelques heures de printemps, avec Hélène Vincent et Vincent Lindon. Deux heures de cinéma à la fois très dur et hypersenible, d’une densité humaine exceptionnelle et d’une rigueur égale dans la réalisation. Argument du film : la confrontation d’Alain (Vincent Lindon), grand con de routier sorti de prison après une condamnation pour trafic illicite, et de sa vieille mère (Hélène Vincent) aussi butée que lui mais fragilisée par une tumeur au cerveau. Entre eux : le tas informe d’un chien baveux qui les rapprochera contre toute attente ; un voisin compatissant, un pote de bowling, une belle joueuse de boules (Emmanuelle Seigner). Et deux acteurs romands, Véronique Montel et Jean-Luc Borgeat, pour incarner les assistants d’une association d’auto-délivrance genre Exit. Le film s’achève en effet en Suisse sur la décision de la vieille dame d’échapper à l’agonie annoncée.
Choisi par casting pour le réalisateur en quête d’acteurs à l’accent suisse ( ?!), Jean-Luc Borgeat, quinqua d’origine valaisanne mais établi àLausanne depuis des lustres - l’un de nos meilleurs comédiens, notamment attaché au jeune théâtre – a été choisi et dit avoir vécu, avec l’équipe de Stéphane Brizé, une expérience humaine hors du commun.
« Stéphane dit que ce qui lui importe essentiellement est de filmer la vie. Après une première prise, il nous a tous dégommés. Puis quelque chose s’est passé entre nous. Et après la troisième prise, visionnée par Vincent Lindon, celui-ci s’est exclamé que c’était énorme ! Que Brizé était le seul réalisateur français à oser faire un tel plan-séquence, avant de me dire que ce que j’avais fait était incroyable… »
Egalement criante de vérité dans l’avant-dernière séquence, Véronique Montel semble coulée dans le moule de suavité propre-en-ordre des assistants du bon Dr Sobel. Rien pour autant de la charge caricaturale dans l’image donnée par le film de l’association documentée par Fernand Melgar. Et la dernière séquence, poignante à pleurer, marque un dernier contrepoint avec les affrontements parfois insoutenable du fils à « tête de lard » et de sa mère.
«Ce que je souhaite », conclut Jean-Luc Borgeat, c’est qu’Hélène Vincent décroche un César pour son interprétation »…