Le Procès ou le Bureau International Jeunesse

Publié le 28 mai 2012 par Rhespel @princeofsky

Il y a des choses qu’on pensait avoir mis derrière soi. Des choses qui soudain reprennent vie et viennent à nouveau vous chercher. En février 2011, je mettais fin à l’expérience Vivre Au Canada.tv pour de bon. Du moins, c’est ce que je pensais. Au fil du temps, alors que plus aucune vidéo n’était produite, j’ai vu le nombre de vues augmenter quotidiennement sur Youtube, l’audience s’élargir sur les réseaux sociaux, jusqu’à recevoir des demandes pour la mise en ligne de nouveaux contenus. L’idée de relancer Vivre Au Canada.tv le temps d’un été avait donc peu à peu germé…

Comment ?

S’il n’était pas question de s’établir à nouveau au Québec pour tourner les nouvelles capsules, la possibilité d’utiliser les vacances d’été pour réunir tous les tournages possibles là-bas était envisageable.

Néanmoins, un des gros soucis qui avait mené à la fin de la webTV à la feuille d’érable était le manque de fonds. Il fallait donc trouver une possible source de financement. C’est là qu’intervenait l’Office Québec Wallonie Bruxelles pour la Jeunesse. Géré en Belgique par le BIJ (le Bureau International Jeunesse), il a pour fonction d’aider les jeunes de 16 à 35 ans à notamment développer les relations et la connaissance réciproque entre les jeunesses québécoise et belge, de susciter l’innovation et l’expérimentation ou encore de renforcer la présence et l’action communes au niveau international.

Il s’agissait donc de rédiger un dossier présentant le projet. Si réaliser de nouvelles capsules vidéos était bien entendu au programme, il était aussi important d’échanger sur les nouvelles pratiques webTV en rencontrant des acteurs importants du tourisme au Québec et d’en apprendre le plus possible sur leur utilisation de la vidéo sur Internet.

Pour être sûr de ne pas commettre d’impair, nous avons dès le début souhaité rencontrer une personne du BIJ pour savoir si notre projet rentrait dans le programme “Curriculum”.

Rencontre qui s’est vite avérée très déstabilisante. La personne avec qui nous avons discuté disait ne pas voir la plus value ramenée en Belgique. Faute probablement à notre présentation un peu confuse, elle ne comprenait pas comment la réalisation de nouvelles capsules vidéo pour une webtv rentrait dans les programmes du BIJ. Alors que nous nous attendions à recevoir des conseils, nous n’avons eu que la possibilité de consulter les dossiers des anciens projets déposés.

Nous avons donc rédigé notre dossier en mettant davantage en avant les connaissances que nous pourrions retirer des échanges avec nos partenaires québécois (comptant notamment les associations de tourismes de Trois-Rivières ou du Saguenay) et l’apport que nous pourrions en retirer professionnellement.

Quelques semaines après la remise du dossier, nous avons reçu une lettre du BIJ nous confirmant la réception de notre dossier. Cette lettre nous a laissé dubitatifs sur plusieurs points (cliquez sur l’image pour comprendre).

Le projet ne sera pas soutenu

Finalement, un mois après, nous avons reçu une seconde lettre nous annonçant que le projet n’avait pas été retenu, ce pour plusieurs raisons.

D’abord, le projet n’était d’après le Comité de sélection pas en lien avec notre profession. Toute personne qui lit ce blog peut cliquer sur la partie A propos et comprendre que je me suis quelque peu senti insulté par cette simple phrase. Par ailleurs, il faut savoir que l’équipe était la même que celle d’origine, et que nous avions développé la façon dont ce projet serait en lien avec nos différentes professions dans le dossier rendu. Incompréhension totale donc.

Ensuite, la question de la plus value de l’information que nous pourrions délivrer et les retombées qui en découleraient par rapport à d’autres organismes était soulevée.

Je n’avais pour ma part pas compris que le Comité de sélection jugeait de la pertinence des projets sur le fond, mais soit.

Plusieurs de nos partenaires, dont les noms étaient présents dans notre dossier, étaient des organismes de tourismes québécois. Se sont-ils sentis menacés par notre projet ? Non, ils auraient été heureux d’y participer. Certes, nous n’avions prévu aucune collaboration avec une Ambassade ou avec la Direction générale du Québec. Pour la bonne raison que celles-ci ne produisent pas de vidéos et ne délivrent pas le type d’informations que nous souhaitions aborder.

Au Danemark, la WebTV MyDenmarkTV effectue le même travail et poursuit les mêmes buts que Vivre Au Canada.tv, avec davantage de moyens. La pertinence de ce type de site et de ce type de démarche n’est selon moi plus à prouver. Il est dommage que tout le monde ne partage pas cet avis.

Plus que tout, il est regrettable qu’un organe comme l’Office Québec Wallonie Bruxelles n’ai pas décidé de soutenir un projet qui avait toutes les dispositions pour atteindre ses objectifs et avoir des retombées internationales. Ceci sans même évoquer ce que, personnellement, je perds comme acquis au niveau expérience professionnelle…

Pourquoi ce récit ?

D’abord parce qu’il me semble illustrer parfaitement un manque de clairvoyance des pouvoirs publics par rapport à la réalité des nouvelles technologies. Les raisons du non-soutien de Vivre Au Canada.tv ne sont pas valables, tant elles sont réfutables. Est-ce qu’il s’agit d’un problème de compréhension par rapport à un projet de webtv ? Notez que le BIJ n’est présent sur aucun des réseaux sociaux et que leur site Internet fait… peur à voir.

Surtout, je crois toujours en la pertinence de relancer Vivre Au Canada.tv. Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive un commentaire via Facebook ou Youtube pour demander de nouvelles vidéos. D’autres initiatives avec des objectifs très proches voient d’ailleurs le jour (par une production Suisse par exemple). La prochaine étape ? Je pense au crowdfunding. Mais ceci demande une préparation différente et ne sera donc pas possible cette année. Pour l’heure, il va donc falloir prévenir les différentes personnes qui étaient prêtes à travailler avec nous qu’il va falloir remettre ça à plus tard…

EDIT : Depuis fin juin, le BIJ a manifestement été à l’écoute, puisqu’ils ont modifié leur site internet et se sont créés des comptes Facebook et Youtube. Des tentatives tardives qui me laissent dubitatif.