Un pâtissier de 98 ans fait de Montréal son héritière

Publié le 09 août 2012 par Nuage1962

C’est étonnant qu’une ville devient héritière dans un testament .. étant donné qu’il était sensible a la pauvreté et les sans-abris, j’espère si Montréal accepte que la ville oeuvra dans ce sens avec cet héritage
Nuage

Un pâtissier de 98 ans fait de Montréal son héritière

La résidence léguée par Antoine Laurent Fabre à la Ville.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Karim Benessaieh
La Presse

Un pâtissier de 98 ans du quartier Ahuntsic, Antoine Laurent Fabre, mort le 5 mai dernier, a fait de la Ville son héritière universelle «en remerciement de tout ce qu’elle a fait pour les sans-abri».

De mémoire de fonctionnaire, il s’agit d’une première à Montréal.

Inventaire successoral

Avant d’accepter le cadeau, Montréal veut d’abord prendre connaissance de l’inventaire des biens de M. Fabre, afin de s’assurer que ses dettes ne dépassent pas ses avoirs. Le comité exécutif a mandaté sa Direction des affaires civiles la semaine dernière pour prendre connaissance de son inventaire successoral.

Sa fortune consiste essentiellement en un duplex sur l’avenue Saint-Charles, au nord de la ville, d’une valeur estimée à 433 944$ et libre d’hypothèque. Dans son testament rédigé le 13 février dernier, il laisse en outre à la Ville tous ses biens meubles, en plus du produit de son assurance vie pour lequel il n’a pas désigné de bénéficiaire.

Il donne par ailleurs 100 000$ à celle qui s’est occupée de lui jusqu’à la fin, sa petite-cousine, Danielle Ambrosio, désignée comme liquidatrice testamentaire. Pour recevoir sa part d’héritage, elle doit vendre l’immeuble de l’avenue Saint-Charles, ce qu’elle ne peut faire sans l’accord des héritiers, soit la Ville.

«C’est la première fois que la Ville est désignée légataire universelle, précise Patricia Lowe, relationniste à la Ville de Montréal. La Ville a déjà été désignée héritière de propriétés, dans le but d’en créer des parcs ou des espaces publics, ou d’une maison d’une valeur patrimoniale, mais ces legs aussi sont rares.»

Une décision «étonnante»

Voisine de M. Fabre depuis une trentaine d’années, Monique Leclair le décrit comme «un bon vieux monsieur, très actif, qui jouait à la pétanque et prenait son petit verre de vin tous les jours». Il a conservé l’usage de sa voiture jusqu’en 2010. Après sa retraite, il a tenu une école de judo dans le quartier.

Il est mort il y a trois mois après avoir été victime d’une chute en se rendant chez une massothérapeute. Opéré pour trois fractures, à la hanche, à la clavicule et au poignet, il a succombé à des complications qui ont engendré une pneumonie. «Sans cela, il serait encore actif», assure Mme Leclair.

La décision de M. Fabre de presque tout léguer à la Ville «a étonné tout le monde», dit sa petite-cousine, Danielle Ambrosio. «Il pensait que la Ville faisait beaucoup de choses pour les sans-abri. Je pense qu’il aurait dû tout donner à des organismes de charité.»

Le pâtissier à la retraite «était sensible à la pauvreté en général, précise Mme Ambrosio. Il faisait des dons à environ 50 organismes».

Très croyant, il a été membre de quelques églises évangéliques. En 2010, il a publié un ouvrage de 240 pages, Le nouveau livre, que sa petite-cousine résume comme

«un commentaire sur des textes religieux, avec beaucoup de citations bibliques».

En attente

À titre de «légataire universelle résiduaire», la Ville doit décider d’ici au 5 novembre prochain si elle accepte l’héritage. Selon la décision prise la semaine dernière, elle veut d’abord prendre connaissance de l’inventaire des biens de M. Fabre, que sa liquidatrice, Mme Ambrosio, est tenue de produire. Si elle ne le fait pas, la Ville peut faire cet inventaire elle-même ou s’adresser aux tribunaux pour obliger la liquidatrice à remplir son obligation.

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