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Brigitte Gyr, Parler nu

Publié le 11 août 2012 par Angèle Paoli
Brigitte Gyr, Parler nu,
Éditions Lanskine, 2011.

Prix de poésie Charles-Vildrac de la SGDL 2012.


Lecture de Cécile Oumhani

« désosser » le cœur des choses
« désosser » le cœur des choses
Ph., G.AdC


DÉFAIRE L’OPACITÉ DU RÉEL

  Défaire l’opacité du réel, ce qui à chaque pas obscurcit, déroute et brouille pour y « désosser » le cœur des choses, c’est « parler nu », écrire nu. Le temps, le paraître, l’incomplétude, l’inaccompli auquel on est voué, tout cela signe la défaite des mots, leur inadéquation, alors qu’ils sont sans cesse balayés par ce qui court de non-dit ou d’indicible à travers tous les interstices de l’être.

Brigitte Gyr se met en quête de mots qui restent, de pierres qui inscrivent leurs marques, si fragiles et si douloureuses soient-elles. Elle trace et retrace les chemins entre l’abîme et la cime, entre l’après et l’avant, défiant la brûlante terreur.

En affrontant la menace qui croît en nous, elle affronte sans ciller nos paysages les plus intimes, à la fois rudes et âpres. Le quotidien les dévaste à petit feu de cris muets et de corps d’oiseaux sacrifiés. L’implacable loi, celle du « jeu de l’oie » de l’enfance, règle leur naufrage dès ces origines où nous avions rêvé.

Lucide et déterminée, Brigitte Gyr explore sans fléchir le souterrain / en devenir / de sous-langue pour tenter de déterrer / ce qui se pense / au plus gris du corps. Peu importe si le chas de l’aiguille est trop étroit, si les idées ne passent plus. Elle exhume ce qui reste enfoui jusqu’à toucher les marges du puits idéal, en creusant la gangue où se figent les danseurs et leur musique.

C’est un parcours semé de brefs éclats, arrachés sur l’amont perdu, images denses et poignantes, qui convoquent les sens, entre cheval mort / et odeur de noix de coco, qui soufflent le secret d’un souvenir, cette odeur d’éther / le quatre d’un mois oublié. Autant de fragments où ces poèmes résonnent de toute leur force claire.

Les mots de Brigitte Gyr ont la pureté du minéral, celle qui résiste aux ombres et éclaire après l’épreuve du feu. Sans complaisance.

Cécile Oumhani
D.R. Texte Cécile Oumhani
pour Terres de femmes (août 2012)



BRIGITTE GYR

Brigitte Gyr


■ Brigitte Gyr
sur Terres de femmes

[une frontière se tisse de non-dits](extrait de Parler nu)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) au plus gris du corps

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site de la SGDL) une note de Mathias Lair sur Brigitte Gyr et Parler nu
→ (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Brigitte Gyr
→ (sur le site des éditions Lanskine) une page sur Parler nu de Brigitte Gyr




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