Le cimetière sous la lune objet d’un nouvel engouement touristique à Lima

Publié le 14 août 2012 par Nuage1962

Visitez un cimetière pour se rappeler que la vie est fragile est une chose, mais en faire des lieux touristiques cela me dérange un peu Je ne crois ni aux fantômes, ni aux revenants mais simplement qu’un cimetière devrait être des endroits calme
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Le cimetière sous la lune objet d’un nouvel engouement touristique à Lima

Dans la nuit venteuse de l’hiver austral, des visiteurs munis de lampes de poche s’aventurent dans les allées du Cimetière général de Lima, une gigantesque ville de pierre pétrie d’histoire qui suscite un engouement touristique inédit.

“J’ai peur, mais j’aime ça”, avoue un lycéen agrippé à sa petite amie, qui font partie des centaines de visiteurs arrivant par autobus entiers à la recherche de frissons et d’anecdotes.

Construit en 1808 sous la vice-royauté par un architecte et prêtre basque dont il porte le nom, le cimetière Matias Maestro de Lima est l’un des plus grands d’Amérique Latine.

Sur 22 hectares s’alignent au cordeau des allées, des avenues de niches funéraires, des jardins, quelque 800 mausolées et près d’un millier de statues de bronze et de marbre dont certaines proviennent des meilleurs sculpteurs européens de l’époque, commandées par des familles ayant fait fortune grâce au commerce du guano, du sucre et du coton.

Plus de 200.000 personnes parmi les figures les plus illustres du Pérou reposent dans le cimetière classé musée “sans toit” il y a 10 ans et où se déroulent encore quelques enterrements.

“Le cimetière est comme une fenêtre sur 200 années d’art et d’histoire, deux siècles de la vie et de la mémoire qui ont façonné le visage du Pérou”, commente l’historien José Bocanegra, guide passionné de ces visites nocturnes.

Celles-ci sont organisées par la Société de Bienfaisance de Lima, une institution qui poursuit depuis 1834 ses bonnes oeuvres dans les orphelinats et les hospices de Lima mais gère aussi certains de ses monuments.

“Nous avons de plus en plus de jeunes, souvent des écoliers et des lycéens accompagnés de leur professeur”, indique Yvette Sierra, promotrice de ces visites nocturnes dont le public a décuplé ses dernières années.

“Ce qui intéresse le plus les jeunes visiteurs, ce sont les visites à thème, l’amour, la mort, comme en février pour la St-Valentin ou en novembre pour la Toussaint”, explique José Bocanegra, dont le talent de raconteur tient en haleine les visiteurs.

Dans la nuit, le délabrement fait place au mystère

A la lueur des lampes et de quelques torches, les statues, mausolées et niches funéraires prennent tout leur relief dramatique et fantasmagorique.

La nuit permet notamment de cacher la poussière et le délabrement du cimetière, sans eau ni électricité, et situé aujourd’hui dans un des quartiers les plus pauvres de Lima.

Sa construction pourtant a été la première concession à la modernité dans l’urbanisation de la capitale péruvienne, quasiment inchangée au moment de sa construction depuis le début de la colonisation espagnole au 16e siècle.

Alors, les morts étaient habituellement enterrés sous les églises et dans la périphérie des hôpitaux.

Avec l’apparition des premières théories hygiénistes, il fut décrété que désormais les défunts seraient enterrés loin de la ville afin de ne pas contribuer aux épidémies qui faisaient rage à l’époque.

C’est donc à 10km de la ville alors fortifiée que fut choisi l’emplacement du cimetière, “un endroit bien choisi, ventilé, près de la rivière, et dont l’architecte avait également prévu des jardins d’herbes aromatiques” pour éloigner les miasmes, précise M. Bocanegra.

De grandes figures politiques, (les Présidents Manuel Pardo, Andrès Avelino Caceres), littéraires (l’écrivain Ciro Alegria) et des centaines de religieuses y sont enterrés, ainsi que les héros des guerre d’Indépendance et du Pacifique, dont les restes ont été réunis dans une crypte monumentale.

Certaines des tombes font l’objet de véritables cultes, comme celle toujours fleurie du poète national José Santos Chocano (1875-1934), “chantre des Amériques”, enterré “debout dans un mètre carré de terre” péruvienne comme il en avait fait le voeu dans un poème.

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