L'écriteau pendouille. La vitrine est éteinte. Ce pourrait être un chapitre de la désolation. C'est une page de rêve. Noir et bleu.
Côté noir, la pancarte dit la fin, évoque la faillite. Nous sommes sur l'île belle, dans le village centre, et cette année, la visite chez la libraire qui offre des gâteaux maison et trouve toujours moyen de nous faire découvrir des petites merveilles ne se fera pas. La porte est fermée. Le magasin éteint. Une feuille a été scotchée à la devanture et dit qu'ici, on cherche un repreneur. Il y a de la tristesse, dans cette information, aussi parce que quelques mois plus tôt, nous avions appris que la propriétaire luttait contre une maladie. Lire ces quelques mots dit que peut-être, le combat a été perdu, ou qu'à tout le moins, le combat ne permet plus de continuer. L'émotion s'installe, avant de céder la place à une autre.
Côté bleue, la page de rêve. Un rêve. De ceux qui commencent par : et si ? Pourquoi pas ?
Et si je me faisais libraire ? Et si je reprenais ce magasin ? Et si je venais vivre sur l'île bleue ?
Au rêve de la page à écrire se greffe le désir Atlantique.
Je poursuis toutefois mon chemin, délaissant le lèche vitrine, heureux de ces et si.
Comme le panneau, ils donneront l'impression de rester lettre morte mais ce ne sera qu'apparence.
En réalité, coeur qui bat, ils cacheront ces rêves qui nourrissent l'homme.
Qui sait... Un jour... Et si... Pourquoi pas...
Mon rêve : mourir jeune à un âge très avancé... Henri Jeanson.