Car à l’instar du précédent gouvernement, c’est la communauté Rom qui a été choisie pour soulager la phobie du français moyen envers les peuplades barbares venues de leur misère pour lui voler son chômage. L’exécuteur des basses œuvres n’est autre que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls qui déclarait il y a peu : « Je suis très attaché au principe de libre circulation ». « Des capitaux »oublia-t-il sans doute de préciser en chantre d’une construction Européenne fondée uniquement sur des bases économiques. La monnaie sans l’humain. L’argent sans les gens. L’euro sans le Rom.
Ce même Manuel Valls qui semble également très attaché au strict respect de la législation française. Celle qui interdit à des individus de tradition nomade d’établir des campements illicites. Étrangement moins à celle qui stipule que chaque commune de plus de 5000 habitants se trouve dans l’obligation de se munir d’une aire d’accueil pour « gens du voyage ». Nul doute que son obsession pour la lutte contre la délinquance l’incitera prochainement à engager des poursuites contre les maires hors la loi.
En attendant, leur précarité détruite à coup de pelleteuse par des préfets soucieux de « faire respecter la dignité humaine en toute circonstance », ceux que l’on nomme parfois gitans ou bohémiens expérimentent avec stupeur le slogan présidentiel « le changement, c’est maintenant ». Changement de quartier pour des familles contraintes de reconstruire un habitat hasardeux ailleurs. Ou changement de mode de transport grâce à l’aller simple en charter pour Bucarest.
L’opinion publique ainsi rassurée osera a nouveau sortir de chez elle pour toucher son RSA ou s’immoler à la CAF. Pendant que Manuel Valls se charge d’attiser les tensions communautaires, la révolution fiscale et la lutte contre la pauvreté ne semble toujours pas être à l’ordre du jour. Une diversion efficace pour une mission réussie au service de l’establishment bourgeois. Bohème ?
Guillaume Meurice
15/08/2012