Du plus lointain que tu te souviennes,
Depuis tes entrailles profondes,
Depuis ton âme de non-enfant,
Presque née le poing levé;
Tu n'as jamais appris a le faire,
Tu n'as jamais voulu céder,
Et peu a peu, années apres années,
Tu n'as jamais su le faire.
Parce que la vie est injuste,
Qu'elle nous abruti de responsabilités,
Sans se soucier de nos ages.
Et que toi, tu t 'es révoltée.
Tu as assumé, par la colère,
Tu as survecu, par la rage,
Et tu as reussi a lever la tete.
Et aujourdhui, adulte, tu es là,
Tes rêves te rattrapant,
Tes ancetres te veillant,
Et leur âme t’appelant.
La demande est claire, simple,
Horriblement simple pour toi.
Pardonne te disent ils.
Mais pardonner à qui? à quoi?
A Dieu,
De nous avoir fait si faibles, si inconscients?
A nos pères,
De nous avoir mis au monde?
A nos mères,
De nous avoir portées jusqu'a ce jour?
Pardonne te disent ils.
Mais ils ne savent pas eux,
La difficulté de pardonner,
La confiance que cela implique,
La vie a laisser couler entre tes doigts,
Que tu t'acharnes a serrer en un poing rebelle,
Le souffle retrouvé, qui te noie d'air,
La douleur des muscles relâchés,
Courbaturés par la colére étouffée.
Pardonne te disent ils.
Mais serront ils là eux,
Quand les vannes s 'ouvriront,
Que ton poing de revolte ne sera plus,
Et que tu te sentiras fragile, vulnérable, et seule,
Loin de se sentiment de colere qui t'etreint depuis si longtemps?
Pardonne te disent ils,
Pardonne te supplient ils,
Des vivants comme des morts,
Pardonne te disent ils...
Les morts ne seront pas là,
Et c 'est surement eux que tu écouteras,
Les vivants seront là,
Et c 'est vers eux que tu te tourneras.
Alors pardonne,
Essaie,
Et tu verras,
Nous serrons tous là.