J’enchaîne mon exercice de ce matin avec ma participation au Sablier du printemps. Pour les lecteurs non avertis, l’amorce obligatoire est en bleu et ma “variation” perso suit… Je suis en retard (je crois) par l’essentiel n’est-il pas de participer ?
Maintenant que l’affaire est médiatisée, que non seulement les sites internet mais aussi la radio et la télé parlent de l’affaire, je me sens plus libre d’en parler. En 2007, la France a passé la barrière des 60 000 nouveaux livres publiés par an. Le record s’établit désormais à 60 376. Etonnant, non ? Indigeste, surtout. Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Il y a quelques années, j’avais interviewé Ryzsard Kapuscinski, fameux journaliste polonais spécialiste de l’Afrique et auteur, entre autres, d’un excellent Ebène. Il se plaignait du manque de visibilité des bons livres, ensevelis sous des montagnes d’inepties publiées à la va-comme-je-te-pousse, uniquement pour faire… du chiffre ? du papier ? de la pub ? On ne sait pas trop.
Si les statistiques sont éloquentes, elles devraient révéler le malaise que nous vivons actuellement. Plusieurs secteurs sont en forte hausse, notamment les ouvrages sociologiques (+ 16 %) et ceux traitant du christianisme (+ 15 %). La politique n’est pas loin derrière, avec 1 141 ouvrages à ingurgiter dans l’année (en hausse de 14 % par rapport à 2006). La tête me tourne. Heureusement qu’il y a la fiction jeunesse (+ 13 %) pour me donner des raisons d’espérer.
Espérer quoi, au juste ? En l’humanité, peut-être, mais certainement pas grand-chose en ce qui concerne le niveau de français et d’orthographe (j’ai le bonheur d’avoir un fils qui, comme ses contemporains, confond textes et textos). L’enquête réalisée par Livres Hebdo / Electre est là pour le prouver : le volume de livres touchant à l’enseignement du français est en recul de 17 %. Mais à toute chose malheur est bon, puisque s’est manifesté cette année un engouement certain pour les ouvrages sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie (+ 47 %).
Vous prendrez bien un p’tit roman pour la route, me susurre mon libraire ? Mais certainement, mon bon monsieur. Le choix est là : 3,9 % de titres supplémentaires et parmi eux, les policiers ont la cote, avec une augmentation de 9 %.
Moralité : mon malaise social se traduit par un désir de mieux comprendre la politique, mais comme celle-ci me déçoit, je tente de me tourner vers la religion sans pour autant y trouver consolation. Je me reporte donc sur les romans, les polars de préférence, pour finir par réviser mon histoire-géo.