Il t’attend. Oh, ça va mieux maintenant. Au début, quand tu l’as laissé ici, il était perdu sans toi. Il faisait n’importe quoi et tout ce qu’il faisait, c’était t’attendre. Il guettait le bruit de ta voiture, de tes pas, ton odeur, ta voix appelant son nom. Il hurlait à la mort et parfois, il s’enfuyait pour aller te chercher. On le retrouvait des heures plus tard, en piteux état, les yeux emplis d’encore un peu plus de désespoir. Oui, maintenant, ça va mieux.
Mais il t’attend.
Il ne te demandait rien, tu sais. Un peu d’amour. Un peu de nourriture. Et il t’aurait suivi n’importe où sans se poser de questions, se serait jeté sous les roues d’une voiture pour toi. Alors il ne comprend pas. Ce n’était donc pas assez ?
Il t’attend.
Mais tu t’en fous, pas vrai ? Tu as ta vie. Et il n’en fait plus partie. Tu n’aurais pas pu y réfléchir avant ? Avant qu’il s’attache, avant qu’il n’ait la faiblesse de prendre ton affection pour acquise ? Avant de l’inviter dans ta vie pour mieux l’en chasser ensuite ?
Il t’attend.
Quand tu es de passage, il devient comme fou. Fou de joie, fou d’espoir. Peut-être es-tu venu le chercher ? Peut-être va-t-il enfin pouvoir te prouver sa valeur ? Mais tu t’intéresses à peine à lui et puis tu t’en vas, encore. Il te regarde t’éloigner sans comprendre. Il n’est pas en colère, il ne peut pas t’en vouloir.
Et toujours, il t’attend.
Ça va mieux maintenant. Il s’est bien adapté à sa nouvelle vie. Il a des gens qui l’aiment et prennent soin de lui. Qui lui offrent amour et nourriture, qui jouent avec lui, le veillent quand il est malade et le cherchent partout quand il se perd. Mieux que tu ne le ferais. Mais jamais ils ne te remplaceront dans son cœur. Et dans ses yeux subsiste une ombre quand, parfois, il regarde l’horizon, songeur.
Car il t’attend.