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Un spray nasal pour prévenir les suicides dans l’US Army

Publié le 22 août 2012 par Nuage1962

Une nouvelle méthode qui est en essai pour l’armée américaine pourrait d’ici quelques années aider de nombreux patients en dépression avec un risque de suicide. Cela serait un atout pour complété les traitements en santé mentale
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Un spray nasal pour prévenir les suicides dans l’US Army

Un spray nasal pour prévenir les suicides dans l’US Army

L’armée américaine souhaite mettre au point un spray nasal pour diminuer les suicides de ses soldats. Crédits photos: US Air Force

Romy Raffin

L’armée américaine finance le développement d’un spray hormonal contre les pulsions suicidaires. Une innovation thérapeutique qui pourrait concerner de nombreux patients.

Un suicide par jour environ: les soldats américains n’ont jamais été aussi nombreux à mettre fin à leurs jours. Pour lutter contre ce fléau qui décime ses troupes – les morts par suicides dépassent désormais les décès sur le terrain, l’armée américaine a confié à des chercheurs la mission de mettre au point un spray qui empêcherait les militaires de s’ôter la vie. Au-delà du suicide, une nouvelle arme thérapeutique pourrait naître à l’issue du projet pour traiter la dépression ou même les troubles bipolaires des combattants, mais aussi d’autres patients.

C’est le Dr Michael Kubek de l’Indiana University School of Medicine qui dirigera les recherches, financées sur trois ans par le département de la Défense à hauteur de 3 millions de dollars . Ce n’est pas un hasard si le Dr Kubek a été choisi: ses nombreux travaux sur la TRH (thyrotropin-releasing hormone) ont retenu l’attention de l’ancien responsable de la santé publique de la marine américaine qui s’intéressait à de nouvelles approches contre le stress post-traumatique ou le suicide des soldats. Cette hormone de l’hypothalamus régule en effet la fonction de la thyroïde qui elle-même peut être à l’origine de troubles de l’humeur. Par exemple, la dépression est un symptôme fréquent chez les patients souffrant d’hypothyroïdie.

Trop rapidement dégradée

Anxiété, schizophrénie ou dépression sont autant de maladies que la TRH pourrait aider à soigner, de nombreuses études le prouvent depuis une vingtaine d’années. Malheureusement, l’hormone perfusée ou avalée sous forme de pilule est rapidement dégradée dans l’organisme – en cinq minutes seulement – et parvient difficilement au cerveau car elle est bloquée par la barrière hémato-encéphalique, le filtre qui sépare la circulation sanguine du liquide baignant le cerveau (le liquide céphalo-rachidien). Un autre moyen d’administrer la TRH est de l’injecter directement dans la moelle épinière, un geste peu pratique et douloureux. Une solution alternative consiste à modifier l’hormone pour obtenir des dérivés plus résistants, comme la taltiréline disponible au Japon depuis 2000 sous forme de comprimés pour le traitement d’une maladie neurodégénérative du cervelet

De son côté, le Dr Kubek s’est orienté vers un autre moyen d’accéder au cerveau, plus rapide et non invasif, à savoir la voie nasale. Les molécules absorbées par les muqueuses du nez atteignent rapidement le cerveau via les nerfs olfactifs et contournent la barrière hémato-encéphalique. De plus, le neurobiologiste s’est servi de nanoparticules biodégradables (à base de polylactide) comme vecteur protecteur de la TRH afin d’obtenir des quantités plus élevées du produit, pour une meilleure efficacité. Le chercheur a déjà testé avec succès ce qu’il décrit comme «un type de pharmacologie entièrement nouveau» pour soigner l’épilepsie chez le rat, la TRH étant capable d’agir contre les convulsions.

Le temps que les médicaments fassent effet

Dans le cas des soldats américains, la TRH pourrait être utilisée comme un médicament de crise pour contrer rapidement d’éventuelles idées suicidaires en produisant un calme et une légère euphorie quasi-instantanément. Pour autant, ces aérosols n’ont pas pour ambition de se substituer aux thérapies actuelles, mais plutôt de les compléter:

«Le spray nasal pourrait stabiliser les patients immédiatement, le temps que les antidépresseurs fassent leur travail», explique le Dr Kubek, dans la mesure où les médicaments traditionnels contre la dépression ne sont efficaces qu’à partir de 2 à 4 semaines après le début du traitement.

La mise au point de ce vaporisateur innovant devrait se dérouler pendant un an en collaboration avec des pharmacologues américains et israéliens, suivis par des essais sur l’homme à l’université de Purdue, dans l’Indiana.

http://sante.lefigaro.fr



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