Si l'on résiste, si l'on insiste, si l'on demande avec patience le dos peut alors s'appuyer. L'air est doux, calme, particulier en ces lieux, pourquoi ?
Assis dans l'herbe. Muet, à l'intérieur de la gorge et du corps, tout disparaît, très vite, l'oeil se plisse, les mains s'ancrent dans des cordages végétaux, le pied calé sur des schistes, des grès friables, le corps glisse, se répand dans l'herbe pâle au pied du tronc, le coeur ralentit, ne bat plus que ce qu'il doit battre... ne plus se soucier des oiseaux, des insectes et du vent, prendre enfin sa place sur la Terre.
Cent mille mots qui ne seront jamais prononcés pour remercier le monde, son autorisation gentille, précieuse et raisonnable de participer avec lui à sa course... Si l'on te disait "Qu'as-tu fais ce matin ?" et que tu répondais sans être nullement essouflé "J'ai couru avec le monde !"
La vie d'un être humain n'a pas plus d'importance que vie de bourdon encorollé, ennivré à côté d'une main, aimanté sur une fleur de chardon. Pas moins. Alors, s'insinuer dans la nature, s'y coller, apprendre à chanter tous ces beaux chants muets. Tenir la vie par la main, se laisser guider. Chercher la fleur. Tenir la vie par la main et un amour, parfois...