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Sarko au Tibet (les mésaventures de...)

Publié le 25 mars 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

Depuis que je suis revenu d'Asie il y a 20 ans déjà, je ne cesse de répéter que miser, pour s'en réjouir ou pour s'en inquiéter, sur la Chine n'est pas raisonnable. Je suis assez d'accord avec ce télégramme envoyé à l'ambassadeur britannique à Washington par cette vieille canaille de Churchill, qu'agaçaient au plus au point les phantasmes (déjà) des Américains et de leurs dirigeants sur la question :

« Considérer la Chine comme une des quatre grandes puissances du globe est une véritable farce. J’ai déclaré au Président (Roosevelt) que je me montrerais poli, dans des limites raisonnables, à l’égard de cette idée fixe des Américains, mais je ne peux accepter que nous prenions une attitude positive sur cette question. » Lettre diplomatique du 23 août 1944.

Aujourd'hui voilà nos dirigeants piégés, non pas tant par leur crainte de perdre des marchés dans l'Empire du milieu, non pas tant fascinés par le modèle de communisme de marché qui pourtant correspond à l'idéal capitaliste depuis Turgot, Franklin et Smith, mais par leur manque de clairvoyance, leur absence d'esprit de prospective, leur défaut d'intuition.

Le communisme de marché

La Chine finalement c'est bien pratique, non seulement parce que les centaines de millions d'esclaves y travaillent pour pas grand chose et même que nos salariés devraient en prendre de la graine, mais surtout parce que, pays émergent parmi les pays émergents, elle valide le modèle de globalisation. D'accord c'est un immense goulag, d'accord c'est un régime totalitaire, mais même présentée comme une puissance menaçante, elle prouve par l'absurde que la globalisation est une réalité ; hier c'était le moyen-âge, demain ce sera le centre de la planète. Voilà pourquoi l'affaire du Tibet, si elle fait capoter les JO de Pékin, risque de révéler dans la foulée et en cascade une réalité chinoise bien plus prosaïque qu'on ne veut l'imaginer.

Car la Chine est un tigre de papier où il y a encore, sorti des villes côtières, 800 millions à 1 milliard de crèves-la-faim sous la férule d'une dictature communiste. Et c'est ça que nos Sarko & Co, qui se sont fait un film sur elle parce que ça leur permettait de se construire un modèle assez reposant, ont du mal à admettre.


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