[Titre nul] De la difficulté à dire

C'est toujours une curiosité. Un immense mystère, plutôt.
Les mots traînent dans le bocal, affluent, mais ils ne sortent pas. Ils aimeraient, je crois, mais déposés sur la page, ils ne veulent plus rien dire. Ca sort mal. Ca sort peu. Au final, ça ne sort pas.
Les faits sont insupportables, peut être est-ce pour cela que posés, ils se supportent à grand peine.
Les faits sont ceux-ci : une mienne connaissance vient de perdre son fils de 23 ans.
Il est décédé dans des conditions assez troubles, à 800 bornes de là.
Il a été retrouvé un matin, sans vie.
Sa mort demeure pour l'instant inexpliquée, et cela ajoute à l'insoutenable, je trouve.
Comment faire ?
Je pense au pote, n'essayant même pas de deviner la puissance du désastre. Elle est là, j'en suis certain. Trouvera-t-il la force ?
Je pense à moi, papa, à mes enfants, et toute projection est une terreur. Furieuse envie de les aimer encore mieux, encore plus, mais taquet en même temps, c'est crétin, à la fois, de penser comme cela.
Je pense à la brutalité que peut avoir la vie, parfois. Avec aussi la furieuse envie, je crois, de me terrer.
Sont-ce ces paradoxes et ces vertigineuses pensées qui font la difficulté à dire ?
Peut-être que finalement, c'est ça, le truc. Quand on pense, on ne dit pas. On ne peut pas. Pas encore ?
Ou alors, plonger dans la musique, les chansons, histoire d'être seul avec d'autres humains. Que ça coule à nos oreilles.