Magazine Journal intime
N°7 / Temps en suspens...
Publié le 25 août 2012 par EdwilliamsonJ'oublie l'espace d'un instant ce qui m'entoure. Je respire paisiblement. J'imagine que je suis dans un espace infini, impalpable, intemporel. Aucune lumière. Juste la sombre densité du vide. Impossible de distinguer le haut du bas. Je suis suspendu dans ce vide, en apesanteur. Je ne ressens pas mon corps. Je n'en ai pas. Il y a moi et... rien. Peu à peu, je sens mon corps. Mon coeur qui bat, le sang qui fait palpiter mes veines, ma respiration. Soudain mes pieds touchent quelque chose. Le sol, la terre. La gravité a repris ses droits, je me sens lourd et une force pèse sur mes jambes et mes épaules. Je suis debout, bien ancré dans le sol dur comme de la roche. Puis je sens une odeur. Une odeur de plante, de fleur plus précisément. Oui, c'est ça ! de jasmin, de rose, de lavande ! Toutes ces senteurs inondent mon âme, je les sens, et elles m'apaisent. Un bruit. Un grondement lointain et sourd, comme si je me trouvais dans un pièce capitonnée. Ce bruit se fait de plus en plus dense, bourdonne dans mes oreilles. Tout à coup, cette bulle explose ! J'entends les moteurs de dizaines de voitures passant tout prêt de moi, certaines klaxonnent, d'autres freinent dans des crissements de pneu ahurissants. Des gens parlent autour de moi. Je ne saisis que des bribes de conversations, des mots, des sons, rien qui ne semble réel. Quelqu'un tousse. Un enfant cri. J'ai toujours ce doux parfum maintenant installé dans mes narines, et aussi un goût de fruit dans la bouche. Abricot... ou pêche, peut-être. Soudainement, une lumière aveuglante m'éblouit. Je tente de me protéger les yeux, parce que j'ai mal. Mais peu à peu, elle s'estompe, pour laisser place à une multitude de couleurs éclatantes, distinctes. Je vois. Je suis devant la boutique d'un fleuriste. Derrière moi se trouve un boulevard. Non loin, il y a un parc ou chantent des oiseaux et où le vent s'invite. Je recommence à marcher. Je reprends mon chemin.