Qui a peur de se battre, peur des roms, peur du lundi, peur des disputes, peur des OGM, peur de contester l’ordre public, peur d’être fiché, peur de vieillir, peur des jeunes, peur des immigrés, peur d’être envahi, peur des sans papier, peur d’insulter, peur d’être insulté, peur des banlieues, peur de la drogue, peur de tout ceux qui n’ont pas les mêmes opinions qu’eux, peur d’exprimer leurs opinions politiques, peur d'être un acteur de faits divers dont il est pourtant friand ?
Qui a peur de l’extrême droite, peur de l’extrême gauche, peur des communistes, peur des anars, peur pour leurs enfants, peur de leurs enfants, peur pour leurs vieux, peur de leurs vieux, peur pour leur santé, peur des manifs, peur des grèves, peur des embouteillages, peur des radars, peur des contrôles d'alcoolémie, peur des gendarmes, peur de l'armée, peur de ne pouvoir joindre les deux bouts, peur d’une catastrophe nucléaire, peur des banquiers, peur de la crise ?
Qui a peur de l’Iran, peur de l’Afghanistan, peur de l'Islam, peur des intégristes, peur des Américains, peur de l’Europe, peur de l'Allemagne, peur de la Russie, peur de l’Afrique, peur de la Chine, peur des Corses, peur des Basques, peur des chiens, peur de la mondialisation, peur de tout, peur du désordre et surtout peur de l’avenir ?
Je ne doute pas un instant que vous ayez séché sur l'appartenance de ce "qui" si peu mystérieux : il s'agit tout simplement de nous autres, franchouillards moyens, bien sûr…
La Presse, et tous les médias français par sondages interposés d’évoquer à tous moments ces peurs souvent irrationnelles et de les conforter, de les cajoler, de les entretenir, d’en créer de nouvelles, de caresser nos concitoyens dans le sens du poil pour les féliciter d'avoir peur de tout et soit de s’en remettre à un surhomme quelconque, avant-hier il s'agissait de grand-papa Chirac, immense branleur devant l'Éternel, hier c’était Sarkozy l'agité éolien, aujourd'hui c'est le tonton ordinaire Hollande et demain qui sera l'heureux élu dont les dents rayeront le parquet ? Soit, pire encore, de nous pousser à faire confiance à une élite oligarchique bienveillante et fort intéressée pour nous protéger toujours plus contre tout ce qui nous entoure, nous menace et nous est forcément hostile ! Ce qui nous paralyse les dynamise.
"Le changement c'est maintenant" claironnait l'autre pour amadouer les électeurs. Fichtre ! Quand on parcourt les programmes des médias pour les mois à venir, on découvre toujours les mêmes commentateurs libéraux conformistes, experts laudateurs d'un système mortifère, et autres chroniqueurs réactionnaires habituels, bref une information complètement déséquilibrée comme auparavant.
Si c'est ça son changement, c'est navrant.
Dans le monde des médias, plus ça change, plus c'est pareil. Plus les forces politiques changent, plus les organes d'informations privés et publics maintiennent leur étau idéologique serré.
On retrouvera pour la saison prochaine, les mêmes émissions redondantes, experts triés sur le volet, économistes creux, journalistes académiques, éditorialistes sans imagination, tous défenseurs immuables et opiniâtres du système, du marché et des valeurs du libéralisme à l'exclusion de tout opposant véritable doté d'idées originales.
Gageons que les places doivent être bonnes et les rations de soupe copieuses... Difficile de partager dans ces conditions.
Et surtout qu'on cesse de nous parler, une bonne fois pour toute, de pluralité ! À moins que le parti socialiste ait le courage d'imposer une liberté de ton salutaire et libératrice qui n'existe plus depuis belle lurette dans le paysage audiovisuel français, mais le souhaite t-il ?
Que François Hollande ne se fasse pas d'illusions : il sera probablement jugé en partie sur cet aspect fondamental.
Franchement, nous sommes en droit de nous le demander…
Ami(e)s, à très bientôt si la providence daigne épargner les rares neurones qui me restent.
En tout cas, reconnaissez, chers tous, que je suis parvenu à vaincre ma peur de raconter des conneries, ce qui représente déjà une petite performance pour un quidam qui n'a pas pris de vacances.
Et, pour les quelques originaux décadents qui réussissent à me lire sans décrocher au bout de trois lignes, je dis : ne vous inquiétez pas, ce blog perdurera !
Pour le pire.