Le saviez-vous ► Expression : Mettre du beurre dans les épinards

Publié le 28 août 2012 par Nuage1962

Dans l’histoire culinaire du Moyen-âge le beurre n’a pas toujours été un signe de richesse bien au contraire .. mais cela a changer avec les siècles grâce au modification des permissions de l’Église lors du carême … Aujourd’hui c’est souvent par choix que le beurre est utilisé mais l’expression par contre exprime bien le changement des conditions de vie
Nuage

Mettre du beurre dans les épinards 

Améliorer ses conditions de vie, gagner plus d’argent.

Le beurre est souvent associé à la richesse (“Faire son beurre”, par exemple, ou bien “avoir le cul dans le beurre” chez nos amis Wallons). Probablement parce que c’est un aliment riche (en calories et lipides) qui fut, en certaines périodes troublées, réservé aux riches ou aux champions du marché noir.

La métaphore de cette expression est parfaitement compréhensible : les épinards sans beurre, c’est diététique mais nettement moins bon pour nos palais actuels qu’avec du beurre ou de la crème.

Donc pour améliorer le goût de ses épinards (ses conditions de vie) mieux vaut y ajouter une bonne dose de beurre (d’argent).

Saviez vous que : Jean-Louis Flandrin , spécialiste de l’histoire des pratiques alimentaires, a fouiné dans les recettes de cuisine publiées depuis le Moyen Âge pour y découvrir des choses intéressantes sur l’usage du beurre au fil du temps (qui n’est pas le fil à couper le beurre) :

Au Moyen Âge, en effet, le beurre n’était pas du tout une graisse aristocratique : il était bien plus utilisé par les pauvres que par les riches. Il était d’un usage plutôt rare dans les livres de cuisine des XIVe et XVe siècles qui évoquent la cuisine des classes aisées ; mais la prédilection pour le beurre augmente aux XVIIe et XVIIIe siècles, et il devient un symbole de distinction sociale aux XIXe et XXe siècles.

L’auteur présente d’ailleurs un tableau qui montre que la proportion de beurre dans les recettes augmente au fil des siècles au détriment des graisses animales et de l’huile : de 1% de beurre utilisé au XIVe siècle, on passe très progressivement à 62% au milieu du XVIIIe siècle.

Enfin, Flandrin constate également que l’essor du beurre en France coïncide avec le statut que lui accorde l’Église. Étant un produit d’origine animale, jusqu’au XVe siècle le beurre était
interdit au moment du Carême.

Suite à la multiplication de dispenses dès la fin du XVe siècle, au cours du XVIe on commence à utiliser du beurre dans les plats de légumes et de poissons (qui étaient autorisés en Carême), alors qu’au Moyen Âge il était utilisé presque exclusivement avec les oeufs, les pâtes alimentaires et les pâtisseries.

[Informations extraites de ce document  de Philip et Mary Hyman]

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