Nous pouvons partir du principe que c’est de l’identité qu’est née la différence. Mais cette affirmation était trop vague pour satisfaire le photographe et réalisateur David Bertram. Pour lui « l’art du portrait est souvent associée à l’idée que le regard d’une personne est une fenêtre sur son âme, sa vérité intérieure. Seulement un regard peut-il véritablement en dire autant ? » Une question essentielle que Jacques Lacan lui même n’aurait pas reniée. Puisqu’il démontre ici que le moi de l’homme n’est pas réductible à son identité vécue. Et puis au fond, quoi de plus terrible que de ressembler à sa photo d’identité ?
Qui sommes nous ? Sommes nous l’image que nous avons de nous-mêmes ? Sommes nous l’image que nous voyons dans le miroir ? Celle que nous voyons dans les yeux des autres ? Celle que nous voudrions avoir ? Celle que nous avons peur d’avoir ? Ou comme le résumait Hannah Arendt, « Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres« .
David Bertram a donc décidé d’offrir aux autres un acte salvateur. La possibilité de définir soi-même son identité.
En faisant modeler à ses modèles leurs auto-portraits, le photographe a pu remplacer, sur ses photos, leur visage par leur création. Et une question se pose alors : l’artiste a-t-il masqué ou révélé le vrai visage ?
Rappelons nous, que le mot « personne » nous vient tout droit du mot latin signifiant « masque d’acteur ». Pouvons-nous être une personne sociale sans être un acteur ? Et même, portons-nous un masque pour devenir quelqu’un, ou pour, précisément, ne devenir personne ?
La série de photos de David Bertram nous plonge dans une mise en abîme. Une folie identitaire.
Finalement, le docteur Jekyll avait de la chance. Il ne possédait que deux personnalités.
On ajoute un petit jeu pour vous. Parmi ces photos se cache celle de l’un des auteurs et fondateur du site Blended. Saurez-vous le trouver ?