Magazine Humeur
J'aime la page blanche du matin. Elle me donne la sensation d'une aventure qui démarre. Toujours. Elle me dit que quelque chose se renouvelle ou va se renouveler.
La page blanche, c'est l'idée que tout est à écrire, à vivre, à venir.
J'aime la pureté et la simplicité du blanc. C'est net, c'est propre, c'est ouvert. Ça tend les bras. Ça cligne des yeux. Ça encourage. Le blanc est un espoir, un nettoyage aussi. Une terre de possible, un nouveau né que rien n'a entaché. C'est une sieste réparatrice. Parfois c'est une pause. Il fait propre dans le blanc. Il fait calme. Il fait humble. Après, c'est selon. La page blanche reste blanche ou se noircit. On y écrit des douceurs, des horreurs, parfois ça raconte, parfois ça invente, parfois ça rumine.
La page blanche est empathie, elle accueille tout.
On y pleure, on y souffre, on y respire, on y vit, on y survit, on y cherche, on y trouve, etc. La page blanche est la chanson qui n'a pas encore été inventée, la photo qui n'a pas encore été prise, le baiser qui n'a pas encore été échangé, l'enfant qui n'est pas encore né, la femme que l'on n'a pas encore rencontrée. La page blanche est le souvenir que l'on fixe dans le marbre. La mémoire que l'on ne veut pas perdre. Le détail qui s'incruste.
La page blanche est à l'opposé de nos vies contemporaines. Est-ce pour cela que les gens écrivent de moins en moins ?