Trois petits insectes piégés dans des gouttes d’ambre

Publié le 29 août 2012 par Nuage1962

Vous imaginez les yeux rivés sur un microscope pour regarder des milliers de gouttes d’ambre ? Et bien il semble que cette recherche a porter fruit car de belles découvertes sur les insectes ont pu  être mise a jour
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Trois petits insectes piégés dans des gouttes d’ambre

Deux arthropodes et un diptère datant de 230 millions d’années ont été découverts dans un gisement du nord de l’Italie.


Un arthropode, prisonnier de la résine fossile depuis 230 millions d’années, donne des informations sur les anciens milieux forestiers et sur la grande faculté d’adaptation des insectes. Crédits photo : A. Schmdt/AP

Dans Jurassic Park, le célèbre film de Steven Spielberg adapté du roman de Michael Crichton, des scientifiques utilisent un moustique prisonnier dans une goutte d’ambre pour récupérer l’ADN des dinosaures. Ils passaient peut-être à côté de la véritable découverte. En effet, depuis une dizaine d’années, une équipe internationale (italienne, allemande et récemment rejointe par le Musée américain d’histoire naturelle) travaille sur un énorme gisement d’ambre découvert dans le massif des Dolomites, en Italie du Nord.

L’équipe pilotée par Alexander Schmidt, de l’université de Göttingen, en Allemagne, a effectué un vrai travail de fourmi en passant au microscope pas moins de 70 000 gouttelettes, de 2 à 6 millimètres. Leur étude, publiée dans les comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), révèle que des milliers d’autres micro-organismes sont emprisonnés dans les petites perles d’ambre: micro-algues, champignons et autres microbes, une véritable arche de Noé microscopique. Parmi toute cette microfaune, trois insectes prisonniers de la résine fossile qui seraient les plus vieux spécimens piégés dans l’ambre pendant la période triasique, il y a 230 millions d’années.

Acariens inconnus

«Trouver des organismes fossiles de cette période géologique est extrêmement enrichissant. Cela nous donne de nouveaux indices sur les espèces qui existaient à l’époque, et nous n’en avons pas tant que ça», souligne Vincent Perrichot, paléontologue au laboratoire Géosciences de Rennes (CNRS- Rennes 1),

L’ambre, une forme de résine fossile principalement produite par les conifères, donne surtout des informations sur les anciens milieux forestiers.

En fait, deux arthropodes microscopiques ont été identifiés: des acariens jusqu’alors inconnus, mais qui restent assez proches d’espèces contemporaines. Alors que la plupart des espèces connues (près de 3 500 à ce jour) vivent et se nourrissent sur des plantes à fleurs, la petite bestiole préhistorique vivait sur un conifère. Un indice de la grande adaptation de l’insecte, pour les scientifiques.

Par ailleurs, un diptère dont la taille est estimée de 1,5 à 2 mm et qui est moins bien conservé suscite aussi l’intérêt des chercheurs.

«J’ai eu l’occasion de l’observer au microscope, il est malheureusement trop fragmentaire pour être identifié précisément. Mais c’est l’une des plus anciennes traces de diptères que nous possédons actuellement!», s’enthousiasme Vincent Perrichot.

Les chercheurs supposaient déjà l’existence de cette branche au Trias, mais c’est la première découverte qui vient confirmer cette hypothèse.

Des insectes plus anciens ont été découverts par le passé. Ils étaient alors fossilisés «en plaquette» dans des gisements sédimentaires datés du permien ou du carbonifère (entre 250 et 360 millions d’années).

Toutefois, «ces gisements sont essentiellement liés au milieu lacustre et nous n’y retrouvons pas forcément les mêmes spécimens», souligne Vincent Perrichot.

L’ambre garde quand même un avantage indéniable: la qualité de conservation des organismes qu’elle emprisonne. Mais de là à découvrir de l’ADN de tyrannosaure comme l’imaginait Michael Crichton, on en est très loin…

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