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Mea culpa

Publié le 30 août 2012 par Nicolas Esse @nicolasesse

Pardonnez-moi parce que j’ai mangé.

Et je continue. Je mange tous les jours et même plusieurs fois par jour. Pour la fraîcheur du teint, je mange des légumes, toutes sortes de légumes, crus ou cuits, je ne fais pas très attention. Il m’arrive même de manger de la viande, je sais, c’est très mal, un peu de viande rouge et aussi du poulet.

Pardonnez-moi parce que j’ai bu.

Pour  faciliter le transit intestinal, j’avoue, j’ai bu. De l’eau. De l’eau du robinet, par litres entiers. De l’eau que j’utilise également pour me nettoyer, sous forme pulsée ou vaporisée, ça dépend, si je veux prendre une douche ou me laver les mains. Pour le goût et sentir une onde de chaleur parcourir mes intérieurs, il m’arrive de faire chauffer de l’eau dans une bouilloire, de mettre du thé dedans. Ou alors du café. J’ai une machine à café qui moud le grain avant de le mélanger à l’eau. J’éprouve  une attirance coupable pour le café en grains.

Pardonnez-moi parce que, oui, j’ai acheté.

Et pas seulement une machine à café. En juillet 2010 mon téléphone portable s’est éteint une dernière fois. Il avait cinq ans. Son successeur qui vit encore, vient donc de fêter son deuxième anniversaire. J’ai aussi un poste de télévision qui entre dans sa septième année. Une platine pour les vinyles achetée avec deux haut-parleurs, au bord de la préhistoie, au temps du microsillon. J’ajoute qu’il m’arrive souvent de me déplacer en  voiture. Cette année j’ai pris l’avion. Deux fois. C’était au mois d’août. Je possède plusieurs paires de chaussures pour marcher, courir ou faire du vélo. Parce que j’ai aussi acheté un vélo et même une machine à laver la vaisselle, qu’on me pardonne,  mais pour mon linge et celui des enfants, la machine appartient à tous les locataires, c’est chacun son tour, chacun son jour, un jour par semaine.

Pardonnez-moi parce que j’inspire.
Pardonnez-moi parce que j’expire.
Parce que je me tiens sur mes deux pieds.

J’essaie de faire de mon mieux. J’expire avec parcimonie. Je marche sur la pointe des pieds. Mais je pèse quand même 72 kilos, je sais, c’est beaucoup trop. Idéalement, je ne devrais pas me trouver là. Ou alors, allongé 6 pieds sous terre, je pourrai enfin me rendre utile : une fois débarrassé de mes vieux plombages, je me décomposerai en silence. Je serai enfin 100% biodégradable.

Je sais bien que le monde attend. La planète retient son souffle en observant sur ma face les premiers signes de vieillissement. Je sens que je baisse. La fin ne doit pas être bien loin. Quelques dizaines d’années devraient suffire pour me réduire à néant. Après ma mort, tout ira mieux. Après ma mort, tout rentrera dans l’ordre.

On ne fera plus de vélo, de vaisselle ou d’enfants.
Les glaciers se reformeront.
Les ours blancs danseront sur la banquise. 

Et les abeilles auront des dents.



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