Le Trémoul est un petit village de Haute-Loire, posé sur un plateau longeant les gorges de l’Allier dans une partie très encaissée, située au nord de Langogne (Lozère). Cette région, je l'ai découverte lorsque j'ai connu mon mari, j'en suis "tombée en amour" (comme disent les canadiens), elle est tellement différentse de ma Lorraine natale! j'aime ses odeurs, ses vieilles maisons, ses paysages si variés, son calme. Ce village, sans café, ni épicerie possède quelques belles fermes aux murs de granit. Mais pour nous, c’est aussi le nom de la maison construite en 1886 par Frédérique l'arrière grand-père de mon mari qui était tailleur de pierres.
Non loin de la fontaine du village, c'est une petite ferme, qui surplombe la route. Lorsqu’on la regarde on voit sur la droite un porche fait de blocs de granit qui marquent l’entrée de l’étable, sur la gauche quatre ouvertures; une porte garnie d’une jolie poignée en son centre et surmontée d’un linteau sculpté gravé “ F-1886-B “ et trois petites fenêtres dont deux à l’étage.
Lorsqu’on entre on est frappé par la taille de la cheminée, le cantou qui occupe tout le mur gauche de la pièce de vie; deux personnes peuvent s’y asseoir de chaque coté de l’âtre. A droite, une sorte de petit lit semi-clos, en pin verni encastré sous l’escalier qui monte à l’étage, il est dissimulé par un rideau aux couleurs passées et il est rempli désormais de pommes de pin destinées au feu. il précède la porte d’entrée à l’étable.
En face une porte encadrée par un vaisselier et une armoire un peu vermoulus formant cloison, ouvre sur un petite chambre éclairée par une fenêtre. Accessible par une trappe au milieu de la pièce de vie, une cave à moitié taillée dans la roche est accessible par quelques marches, il y reste encore quelques bocaux de haricots verts soigneusement rangés depuis des dizaines d'années...
L’étable n’a de place que pour une ou deux vaches, un cochon et quelques cages à lapins. C'est ce que possédaient Frédérique et sa femme. On y trouve encore quelques vieux outils. En montant à l’étage, on découvre d’un coté deux chambres où trônent quatre portraits; de l’autre la grange accessible par une grande porte ouvrant sur le coté de la maison, qui occupe tout l’espace restant jusqu’à la charpente.
Lorsque nous pouvons y aller, nous y passons la journée, nous profitons des quelques fruits (suivant la saison: groseilles, cerises, prunes ) qui poussent encore dans le potager délimité par un muret de pierres, nous faisons un feu dans la grande cheminée et rêveurs nous imaginons ses occupants menant la rude vie des gens du pays. Le terrain devant la maison est assez grand et permet une vue magnifique sur le plateau de la Margeride dans le Gévaudan.
Eugénie et Frédérique y ont vécu avec leurs 4 fils, lorsque Eugénie fut veuve, c’est à cette adresse que ses fils lui écrivaient pendant la Grande Guerre. A sa mort en 1921 cette maison revint à ses fils. Mais plus personne n’y demeura à l’année. C’est surtout son fils Théodore qui y passait ses vacances avec sa femme Marie et lorsque cette dernière se retrouva veuve en 1944, elle y restait pendant les beaux jours jusque dans les années 1970. il n'y avait pourtant ni l'eau courante ni l'électricité!
Elle est maintenant à nous et nous espérons y faire des travaux pour pouvoir y passer nos vacances... profiter des myrtilles, des girolles, des cèpes,des framboises, des mûres et des fraises des bois; aller se perdre dans les registres des petites mairies pour remonter le temps; visiter ces petites églises avec leurs clochers si typiques ou simplement se promener... Les enfants, eux, envisagent de s’y installer lorsqu’ils seront grands car selon eux ils travailleront sur internet et pourront ainsi vivre loin des villes...