Magazine Journal intime

Cannabis et SEP: nouvelles études

Publié le 26 mars 2008 par Pat La Fourmi
Deux études récentes ont essayé de développer les effets bénéfiques et secondaires de l’utilisation du cannabis et de ses dérivés chez les patients souffrant d’une sclérose en plaques.

Baker et al. ont réalisé une revue de la littérature sur la pharmacologie du cannabis au niveau du système nerveux. A ce jour, 2 récepteurs aux cannabinoides ont été étudiés :
- les récepteurs de type 1 (CB1) ont une fonction de régulation de la neurotransmission synaptique conférant une action du cannabis dans le contrôle des symptômes neurologiques tels que la douleur ou la spasticité corroboré par des études cliniques. Il semblerait que ce récepteur ait par ailleurs un rôle indirect immunosuppresseur périphérique (action sur la fonction leucocytaire) démontré dans les modèles expérimentaux mais non retrouvé dans les études cliniques ;
- les récepteurs de type 2 (CB2) sont situés sur les cellules du système immunitaire (lymphocytes B et macrophages) et leur fonction reste mal connue, mais certains modèles expérimentaux suggèrent l’existence d’un rôle anti-inflammatoire des dérivés du cannabis à forte dose (par immunomodulation des lymphocytes au niveau de la barrière hémato-encéphalique et inhibition des molécules pro-inflammatoires dans le SNC). Cette action n’a pas été démontrée par les études cliniques, par contre, toutes les études expérimentales ont démontré le rôle neuroprotecteur du cannabis médié par ce récepteur CB2 qui pourrait aller jusqu’à une action d’initiation de la plasticité et de la régénération neuronale après poussée inflammatoire.
Il serait intéressant d’étudier ce rôle neuroprotecteur du cannabis démontré par ces études préliminaires via des études cliniques, notamment dans la pathologie neuro-inflammatoire chronique.

Ces données sur le rôle neuroprotecteur du cannabis et son utilisation potentielle en thérapeutique pour ses vertus antalgiques, doivent être pondérées par les résultats d’une autre étude récente de Ghaffar et al. (2008) qui alerte sur les risques psychiatriques et cognitifs de la consommation de cannabis chez les patients SEP :
en effet, sur les 140 patients SEP de leur cohorte, 8% (10 patients) sont définis comme des consommateurs courants de cannabis (>1 consommation de cannabis inhalé par mois). Leur étude
, après appariement sur le plan sociodémographique, EDSS et durée de maladie, montre un rôle délétère du cannabis sur la sphère psychiatrique (différence significative de survenue de pathologie psychiatrique selon les critère DMS IV) et les fonctions cognitives (différence significative de la latence de réponses au test SDMT [Symbol Digital Modalities Test]).
Bien que cette étude présente différentes limites notamment en taille de population étudiée, elle incite à réaliser une évaluation à plus grande échelle des effets secondaires psychiatriques et cognitifs lors de l’utilisation en pratique clinique et à visée thérapeutique des dérivés du cannabis dans la SEP.
 
Par Valérie Jaillon-Rivière (CHU de Caen)

Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog