La communauté anglophone se dissocie du geste de Bain

Publié le 06 septembre 2012 par Nuage1962

Les relations entre les communautés anglophone et française ne font pas toujours l’unité surtout qu’au Québec nous voulons garder le français comme langue première autant dans l’éducation que dans le milieu des affaires .. mais ce geste d’un anglais a jeter un froid mais le geste d’un ne fait pas des anglais des violents … car eux aussi trouvent que ce geste est horrible surtout que l’homme était lourdement armée et le contenu de son auto laisse présager que cela aurait pu être pire
Nuage

Élection 2012 : La communauté anglophone se dissocie du geste de Bain

ISABELLE HACHEY
La Presse

Quand Josh Freed a aperçu l’énergumène en robe de chambre escorté par des policiers, au terme de la soirée électorale la plus tragique de l’histoire de Radio-Canada, il a prié pour que ce fou ne soit pas anglophone.

Mais l’homme a crié: «Les Anglais se réveillent! Les Anglais se réveillent!» Et le coeur de Josh Freed, chroniqueur au journalThe Gazette, s’est tordu de douleur.

«J’aurais préféré qu’il crie: “Les martiens arrivent! Les martiens arrivent!” Il aurait alors été un fou entièrement certifié. Sans programme», se désole ce Montréalais anglophone et francophile.

«Le danger, maintenant, c’est que ça devienne politique. C’est vraiment la dernière chose dont nous ayons besoin. Bon Dieu, nous parlons de la taille de l’affichage sur la devanture des commerces, il n’y a pas de raisons de sortir les armes!»

Le comédien Jay Baruchel, qui habite toujours le quartier Notre-Dame-de-Grâce malgré une carrière enviable aux États-Unis, a aussi eu le coeur brisé en entendant les propos de Richard Henry Bain.

«Je n’aime pas quand on parle au nom de ma communauté. Peu importe ce que dit ou pense cet homme, cela n’a rien à voir avec la politique. Rien ne peut justifier ce qu’il a fait. C’est un fou.»

Tensions réelles

Tous les représentants de la communauté anglophone joints hier par La Presse abondent dans son sens: il n’y a absolument aucun lien à faire entre la tragédie et les tensions – bien réelles – que certaines promesses péquistes ont provoquées chez les anglophones au cours de la campagne électorale.

«Cet homme est un malade, on ne peut l’expliquer autrement. Cela dit, Mme Marois en a froissé plusieurs, surtout avec son idée de faire passer des tests de français pour se porter candidat à une élection», admet Peter Trent, maire de Westmount.

«Il y avait une grande anxiété au sein de la communauté, à cause des questions identitaires soulevées par Mme Marois. Beaucoup de gens m’ont dit que si le PQ obtenait une forte majorité, ils quitteraient la province. Je n’avais pas entendu cela depuis le dernier référendum», ajoute Josh Freed.

Mais parmi les douzaines de gens interrogés par le chroniqueur pendant la campagne, aucun n’a jamais évoqué le moindre désir de régler ses comptes avec le PQ en faisant usage de violence.

Nombre d’entre eux ont néanmoins été soulagés par la mince marge de manoeuvre obtenue par Mme Marois mardi soir.

«Nous étions une vingtaine à regarder la télévision à la Gazette. Au début de la soirée, c’était le silence, mais au bout d’une heure, les gens ont commencé à se détendre», raconte Josh Freed.

Le discours victorieux de Mme Marois a contribué à mettre du baume sur les plaies.

«J’avoue que j’étais très impressionné», dit Robert Libman, ancien chef du Parti égalité. «C’était un discours rassembleur, dans lequel Mme Marois a fait l’effort de parler anglais. Cela a été très bien reçu.»

M. Freed confirme: «Pour la première fois, elle a parlé à tous les Québécois. Je découvrais une femme que je n’avais jamais rencontrée pendant la campagne.»

Et pour la première fois, les anglophones avaient – presque – le coeur léger.

Quelques minutes plus tard, c’était l’horreur.

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Fil des événements

> Peu avant minuit mardi soir, Pauline Marois, chef du Parti québécois et première ministre désignée, prononçait son discours de la victoire, au Métropolis de Montréal – une salle pouvant accueillir jusqu’à 2300 personnes.

> Vêtu d’un peignoir bleu et d’une cagoule noire, Richard Henry Bain, résidant de La Conception qui aura 62 ans le 8 septembre, s’est approché de l’entrée des artistes, derrière le Métropolis.

> M. Bain a tiré en direction de la salle et atteint deux techniciens. À l’intérieur de la salle, le son de l’arme a été couvert par le vacarme des militants, qui n’ont rien entendu.

> La mort de Denis Blanchette, technicien de scène de 48 ans, père d’une fille de 4 ans, a été constatée sur place. Il aurait empêché le tireur d’entrer dans le Métropolis.

> Un autre technicien de 27 ans, Dave Courage, a été touché au niveau du bassin. Il a été opéré à l’Hôpital général de Montréal et son état est stable. Un troisième homme a été traité pour choc nerveux au même hôpital, puis a reçu son congé.

> Rapidement, un agent de la Sûreté du Québec a tiré le blessé à l’intérieur du Métropolis et verrouillé la porte. Le suspect a allumé un incendie à l’extérieur de la salle.

> Des policiers ont ensuite plaqué le tireur au sol. «Les Anglais se réveillent, a dit l’homme. It’s gonna be fucking payback.» Un policier en civil a pris au moins deux armes saisies au suspect, une arme de poing et un fusil d’assaut.

> Pendant ce temps, alors qu’elle prononçait toujours son discours télédiffusé en direct, Mme Marois a été promptement entraînée dans les coulisses par ses gardes du corps. Elle est ensuite retournée au micro et a demandé aux militants de quitter la salle calmement.

> Une fois le suspect dans une voiture de patrouille, des policiers ont fouillé son véhicule de type Yukon GMC, garé dans le stationnement des Habitations Jeanne-Mance. Ils y auraient trouvé un bidon de liquide inflammable et une scie.

> Pendant son interrogatoire, hier matin, M. Bain a été transporté à l’hôpital sous protection policière, en raison d’un léger malaise. Selon la police, il pourrait comparaître aujourd’hui. C’est la Sûreté du Québec qui mène l’enquête.

- Marie Allard

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