Pour 5 voix
dans une chambre noire
- Rivière de peau
où il ne fait pas bon nager,
fleuve varicovisqueux :
La cause du rêve, un saut
le franchissement d’un palier,
le luxe.
- La plénitude se fait attendre
- Le chant n’a de voix que
discrète
lorsqu’au cœur du paysage
court la fente minimale :
Dit-on d’une cloche qu’elle sourit ?
- Ma bouche forme
un geai :
l’ortie a poussé tout l’été
derrière la maison, dans l’ombre,
frappée maintenant des premières neiges.
- Au bord d’une route ombrageuse
je vous écris depuis ici
- La porte la table le couloir
la forêt la mer le château,
le lit rempli d’organes ;
la forêt de miel et de plomb
entre Pasadena et Malibu Beach
Le héros et l’héroïne
s’habillent mutuellement
avec les uniformes lactescents
de l’infirmier et de l’infirmière.
Puis ils se tranchent les bras
pour ne plus rien pouvoir.
- J’ai rêvé d’une chambre – étrange –
traversée dans le sens de la longueur ;
à l’autre bout un peuplier,
une fille qui se penche
sur la trace de mes pas.
- Le grand silence
n’existe pas ; le lac
- Cette nuit-là
la langue ne se refusa pas,
décrivit une spirale dans le ciel.
- Mène droit au paradis
joue flanc fesse
parsemé de rameaux fleuris
le parfum de vase clos
qui émane de ta peau
zébrure enchanteresse
- La croix du Sud
merveilleuse
Oyez
Oyez
Oyez
comment
commence
comment commence le matin
- D’idoines serpents
renversent monts et glaciers
vont à la source
mâchant l’écume
NEANMOINS BOUE DES COMETES
NEANMOINS FEUX
ET VENTS
VENTS
- Par la cicade
une bulle éclate
sur la table du jardin
le pli secret de l’aine une lettre
que personne ne lira
par la cicade grand ouverte,
par la porte du jardin.
- Papier peint
« dans le ventre du dragon »
- Lorsqu’il s’assit…
qu’il dérangea…
et fit s’effondrer…
- Le corps gigantesque du ravin
exige
ni plus ni moins
que d’être habillé d’or,
d’argent et de cuivre;
de fleurs précieuses,
d’yeux d’ébonite
où presser les doigts du langage.
- Hier
j’ai regardé par la fenêtre
l’hiver éternel la nuit sans fin
observé les yeux innombrables de la ville
écouté le torrent de cymbales,
les poissons-phares dévaler
les Champs-Élysées,
l’orbe qui n’en finit plus.
- Paysage d’art :
Forêt obscure.
Paradis. Vallée.
Pyramides et sculpture monumentales.
- Soudain l’image s’anime
pas plus réelle que ça
sous le voile
sous la lèvre la langue le foie
le désert
- La route le dimanche
sous une pluie de lait
le goût du plastique
le noir du néon
l’estomac de l’escalier
où je suis tombé
la foudre, l’accident.
Le cheval sur l’autoroute,
Adam et Eve errants.