Dans notre société les enfants ne valent rien. Ils sont laissés pour compte. On ne peut qu'en tirer le constat. Facile à faire. Suffit d'ouvrir ses yeux. Chez nous en France et pas loin, près de nous, en Europe, en Espagne et ailleurs. Génération sacrifiée. Chômage pléthorique chez les jeunes. La crise a bon dos. Nos dirigeants ne font rien. Strictement rien. Mesurettes cautère sur jambe de bois. La banque, la grande finance exultent.
Et des mecs comme ce Kery James que je ne connaissais pas trop et que mon pote Eric m'a fait redécouvrir hier sur une route bretonne aussi tourmentée que ce CD me sidèrent par la puissance du mot, par l'invective vivante, rationnelle, passionnément juste. Par la puissance du mot délayé dans le sang. Par la vérité. Ces mots-là sont écrits d'une encre bien sympathique. Ils sont écrits en lettres de fureur et de feu. Ils me mettent le feu à l'intérieur et c'est le but. Le but c'est d'agir. Agir c'est parler pour que les noeuds sociétaux gordiens explosent.
On ne peut s'en sortir qu'à ce prix. La crise n'existe pas, pas plus que le problème des banlieues. Pas plus la crise, que le manque d'emploi. Seule l'incapacité existe, tient encore le haut du pavé qu'elle se prendra peut-être bientôt dans la gueule. Le rap est un art prolétaire, le rap c'est pas nouveau, Léo Ferré faisait du rap y'a quarante ans. Comme Aznavour il aurait aimé Kery s'ils avaient pu se rencontrer. Le rap est le seul vrai langage politique que je comprenne. Le reste - le discours politique usuel - quand il n'est pas cautère, est langue de bois.
Kery, je te remercie...