"Le dimanche, on lit au lit".
Depuis que j'ai appris à lire, j'ai lu énormément de livres. Parmi tous ces livres, certains sont des bijoux. A différents niveaux : bijoux d'amour, bijoux d'humour, bijoux de réflexion, bijoux de sensations.
J'ignorais cependant que certains auteurs étaient capables de produire systématiquement de tels bijoux. Il y a des auteurs que j'aime d'amour, dont je dévore chaque création avec un appétit digne de la gourmande que je suis, mais je n'en trouve aucun dont la totalité de l'œuvre m'a séduite à 100 %, la déception se profilant parfois au détour d'une page, d'un chapitre, d'une histoire me faisant moins vibrer qu'à l'accoutumée, en toute subjectivité de ma part of course et sans remettre en cause le talent de l'auteur. Rectification : je n'en trouvais aucun pouvant me séduire à 100 %.
Parce que maintenant je sais : certains auteurs écrivent systématiquement des perles.
Karine Giebel en fait partie.
J'avais été subjuguée par Meurtres pour rédemption. Angoissée par Les morsures de l'ombre. Terrifiée par Terminus Elicius. Terrorisée par Juste une ombre. (Chroniques à découvrir ou redécouvrir ici).
Et cette semaine, je me suis replongée avec délectation et effroi dans l'oeuvre de Karine Giebel.
Avec Chiens de sang, tout d'abord, dégusté mardi soir, entre 18 et 22 heures. Un roman court, concis, qui ne peut que se lire d'une traite, tant il est absolument incapable de s'interrompre une fois les premières pages lues. J'ai pourtant tenté de le faire, me concentrant sur un film à la télévision, mais je n'ai tenu que quelques minutes, trop avide de connaître la fin que j'étais, malgré la certitude que ma nuit serait alors difficile, tant Karine Giebel a le don de faire monter en moi (et, je le parie, en tout lecteur) une angoisse jamais égalée.
Chiens de sang nous entraîne dans la forêt. Toute l'action s'y situe. Diane vit l'enfer. Elle fuit. Fuir plutôt que mourir, tel est son choix. Rémy avance, pas à pas. Il fuit. Fuit plutôt que mourir. Ils ne se connaissent pas. Ils ont chacun croisé l'enfer. Deux enfers différents, mais dont l'issue semble fatale. Alors ils fuient. L'horreur, la mort, la cruauté et l'ignominie de la race humaine.
Tchu, cette tirade aurait fait une jolie quatrième de couv', non ? Je ne vous en dirai pas plus, car je n'en savais pas plus en commençant ce livre, et je ne voudrais pas déflorer l'intrigue. Je peux juste vous dire qu'à 22 heures, une fois finie la lecture, je n'en menais pas large et me réjouissais d'être bien au chaud chez moi, sans forêt à moins de quelques kilomètres. Cela n'a cependant pas suffi à calmer ma peur.
Ce dimanche, je me suis plongée dans la lecture de Jusqu'à ce que la mort nous unisse. Un ouvrage totalement différent mais tout aussi angoissant. La forêt cède la place à la montagne, le presque huis clos fait place à la vie d'un petit village bien calme, en apparences. Vincent y vit depuis toujours, amoureux de sa montagne dans laquelle il guide les vacanciers. Servane vient de s'y installer, mutée par la gendarmerie qui l'embauche. Il est rustre, solitaire, amoché par la vie et par son passé. Elle est volontaire, souriante, en quête d'une nouvelle vie. Contre toute attente, l'amitié va les surprendre au détour d'un chemin de randonnée. Amitié renforcée par leur certitude que la mort de Pierre, meilleur ami de Vincent, n'est pas un accident. Ils vont alors mener une enquête qui va les entraîner dans le passé du village et leur faire découvrir que la quête de la vérité recèle bien des dangers.
Je peux vous dire qu'avec Jusqu'à ce que la mort nous unisse, Karine Giebel est parvenue à me faire croire que cette fois, la lecture serait zen Jen, cool Raoul, relax Max : une jolie amitié, de beaux paysages, une chtite enquête et un bon dimanche sur mon transat. Que nenni, alors que dans Chiens de sang la chute est brutale dans la terreur du scénario, ici l'auteure maîtrise parfaitement l'art de noyer le poisson pour attirer le lecteur ni vu ni connu vers un dénouement qui noue les tripes au point d'en avoir des crampes.
Passqu'ici, on n'est pas dans du Mary Higgins Clark, où tout est bien qui finit bien, avec les méchants en prison et les gentils tout sourire, histoire d'amour en bonus. Non, ici, on est presque dans la vraie vie. Et dans la vraie vie, les happy ends ne sont pas systématiques… Fort heureusement, car Karine Giebel ne semble pas en être toujours friande… pas toujours non, ce qui laisse le suspense entier, jusqu'à la toute dernière ligne.
Et de refermer ces deux ouvrages avec le bonheur intense d'ajouter encore de nouveaux bijoux à ma collection d'ouvrages... mais avec la tristesse de savoir que désormais, j'ai lu toute l'oeuvre de Karine Giebel, ô rage ô désespoir.