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Ha ! La Vie Belle sous les Tropiques…

Publié le 10 septembre 2012 par Georgezeter

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… La belle vie , oui ! Mais acétique. De ces 4 produits sur le marché de Cayenne, aucun d’importé : 8 euros le kg de poivrons, 5 euros pour les tomates, les piments et surtout les avocats, qui comme chacun sait poussent sur les arbres - suffit de ramasser… Donc, pas étonnant qu’une bonne partie de la population soit entre grosse et obèse, car consommer des fruits et légumes ici, exceptées les bananes, demande un portemonnaie bien garni. Et là, ce sont les prix du marché ; je vous laisse deviner les prix en magasins.

J’ai comme une impression de déjà vu. Ile de la réunion, même topo, je me souviens du kg de mangue à 10 euros, prétexte : c’est le début de la saison, mais en fin de saison ces fruits restaient tout de même à 3 ou 4 euros (1 kg = 3 mangues)… Plus cher qu’en métropole ! Je me souviens aussi en Martinique en 2008 le prix des légumes verts… Vivre dans les départements d’outre mer, là, où il fait beau presque toute l’année, avec un ensoleillement optimal supposerait se goinfrer de fruits et légumes… Ben, que nenni nada ! J’ai vécu 2 ans à l’ile de la Réunion et n’aie jamais aussi mal mangé à part le poisson (à mon gout bien sûr. Moi qui aime ce qui est vert, n’étant absolument pas fast food, camion bar à pizza ou rougailles de saucisses dégoulinantes de graisse) ; à Cayenne depuis 1 mois, je sens que c’est reparti. 10 euros le kg de poulet, il n’y a pas de viande rouge à moins de 15 le kg ; les laitages comme les yaourts fabriqués sur place coutent des fortunes, le fromage au prix de l’or ; il n’y a que le poisson qui est abordable, les patates douces, le manioc… Et les bananes.

Je ne vais pas m’étaler sur deux pages concernant les prix, mais ce que je constate c’est cette volonté venant de Paris de garder ses territoires d’outre mer sous sa dépendance économique, sa férule, un peu comme des colonies qui n’auraient pas ce nom. L’exemple le plus savoureux, car la France crée de toute pièce des « iles économiques », à savoir, aucun échange avec les pays voisins, donc, l’exemple le + savoureux est ces poulets Doux, produits au Brésil, qui transitent par Paris pour revenir dans nos assiettes en Guyane… Soi disant : les produits du Brésil ne sont pas conformes aux normes (de cinglé) de l’Europe, c’est là même chose avec Madagascar concernant la Réunion, ou les autres iles des Caraïbes concernant la Martinique, rien, pas de commerce. Les territoires français n’échangent aucunement avec leurs voisins, tout est importé de la métropole, point barre ! Donc, toute production locale devient confidentielle, rare, et comme ce qui est rare est cher… 8 euros le kg de poivrons ! Ca fait cher la ratatouille peuchère ! En plus, il est « amusant » aussi lorsque je compare ces deux doms toms de constater que ce sont les chinois qui trustent au niveau local 99% du commerce. Allez dans n’importe quel magasin, les prix sont les mêmes au centime près. La concurrence n’existe pas ! Même chose pour les compagnies aériennes, soi : le désert : aucun vol entre Cayenne et le Brésil ; ou ; une fortune : 450 euros le vol de 45 minutes pour aller de St Denis à l’ile Maurice…

Alors d’un coté on distribue du RSA pour la paix sociale, de l’autre, les « autochtones » n’ont même pas les moyens de vivre sur leur terre, car, les prix de l’immobilier sont aux « normes » françaises, à savoir, hors de prix : un studio à st Denis de la Réunion, à Cayenne ou à Fort de France c’est minimum 500 euros + les charges… Le moindre resto c’est 17 à 20 euros le plat. Et ne parlons pas des sorties nocturnes… Ou des locations loisirs.

Cette attitude de la part de Paris, infantilise ces citoyens lointains, les mets en coupe réglée ; quelques familles Béqués et Créoles se gavant et vivant sur ces populations. Tiens, GBH. Groupe Bernard Hayotte. Un « géant » dans les doms toms, voitures, grande distribution…Qui capte les subventions, impose ses prix et se classe dans les 100 premières fortunes de France, est là pour presser le citron, pas pour créer de vrais emploi, un vrai savoir, mais pour vivre sur le dos de la bête… Bien souvent sous-formées professionnellement, le natif n’attend aucun débouché ou des emplois de services sous payés. Imaginez vous aussi avec un Bac+5, que faire dans ces petits « paradis » avec votre diplôme alors que tous les produits manufacturés sont importés de « la mère patrie ». Ce qui est fort de cidre c’est que le Portugais n’est pour ainsi dire pas enseigné dans les écoles en Guyane, alors, qu’un pays de 200 millions d’habitants est juste à coté et serait très certainement une vraie possibilité de débouchés pour nos jeunes. Mais bon, restons franco/français bien entre nous, surtout ne pas aller voir ailleurs… Ce qui est le + abordable c’est l’alcool en vente partout en quantité et tard le soir ; pour tout arranger, Amérique du sud étant, la drogue fait des ravages ; Cayenne le soir devient dans certains endroits un coupe gorge… La journée, pas mal dépaves déambulent… Glauque. Mais bon, pendant « qu’ils se déchirent », ils ne vont pas changer l’état des choses… Ou les choses de l’état.

Un exemple délirant : le PONT sur l’Oyapoc à St Georges, ville frontière avec le Brésil. Un pont qui a couté 50 millions d’euros. Aujourd’hui, alors que le projet a pris 15 ans pour aboutir, personne ne sait à quoi va servir « ce poste frontière », et même quand exactement il va être inauguré. A part pourrir la vie des locaux ; car, magnificence franchouillarde, les citoyens français peuvent continuer de passer comme ils le veulent au Brésil, alors que les habitants Brésiliens de l’autre coté du fleuve doivent maintenant demander un visa… Ces mêmes habitants peuvent venir en France métropolitaine sans aucun visa par contre… Des « tensions » se font sentir avec les populations du fleuve soulignent les 120 gendarmes qui demandent aux facies : papiers, cartes de séjour… AMBIANCE bout du monde!

Comme l’a très bien soulignée Christiane Taubiras, la députée du coin « c’est le fantasme de 2 présidents ; Jacques Chirac et Fernando Henrique Cardoso qui, à l’époque conjuguèrent Amazonie et Eldorado, c’est un fantasme ce pont, qu’un fantasme ! » Une bricole à 50 millions qui fout la merde, et qui dresse les uns contre les autres les deux rives du fleuve Oyapoc… C’est beau, l’intelligence française en ce qui concerne la compréhension du monde qui l’entoure… Ca doit être le complexe du fameux petit village Gaulois qui ne se rend jamais… Astérix et les Cariocas !

Je me pose sincèrement la question si un seul jour il y a eu une vraie volonté de vouloir améliorer la vie de ces populations ?

Un bon exemple-exemplaire : chez le médecin en Guyane, et c’est affiché sur sa porte, la visite est à 27,60 euros pour un adulte, 30,60 pour un enfant de 2 à 6 ans et 32,60 pour un nourrisson de moins de 2 ans (en France c’est 23 euros pour tout le monde) Pour arranger les choses, un bébé guyanais n’est pas couvert par le système de sécurité social de sa maman avant l’âge de 6 mois ??? Ne me demander pas pourquoi, j’ai demandé à des médecins, des pharmaciens, personne ne peut me répondre à par un « c’est comme ça ! »

Les doms toms sont une mine de fric pour… des personnes extérieures. La défiscalisation qui sert à enrichir des métropolitains déjà bien blindés, mais qui appauvrie et étouffe l’économie locale à moyen terme… C’est un sujet que je vais d’ailleurs aimer rappeler prochainement.

Moralité, et tristes constats : que ce soit à l’ile de la Réunion ou à Cayenne (je parle de ce que je connais le mieux n’étant pas resté assez longtemps en Martinique), l’ambiance est plutôt morose, grisaille sous les tropiques ; on ne peut pas dire qu’on se marre tous les jours, chacun chez soi, on se parle, on se souri, mais on ne se mélange pas. Ca doit être ça le « rayonnement » de la France dans le monde : beaucoup de paternalisme, une pincée d’arrogance et de mépris, énormément de quant à soi, et surtout ne pas rire, ne pas danser, ne pas s’éclater en des fêtes innocentes, heureuses et spontanées ; la convivialité quoi ! Mais plutôt en de tristes bacchanales à des heures indues où tout le monde fin saoul, bourré se tape dessus en gueulant des insanités, histoire de soulager la soupape des frustrations mal digérées…

C’est ça la France, c’est ça la farce !

Georges Zeter/septembre 2012


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