1.
Mourir jeune
c’est s’affirmer violemment
et clamer sa liberté au-devant des lois ;
Tandis que mourir vieux
c’est le contraire,
c’est finir par s’avouer vaincu
bien sûr
par avouer ce qu’on a toujours su :
par lâcheté
par espoir
par amour des belles séductions
des rondes sempiternelles et primesautières,
des colliers de perles roses
éparpillées sur la plage rance,
du musc des eaux,
des vagues marines,
des glissades temporelles sur l’aile boréale,
l’envol du cœur par-dessous
la côte osseuse,
sœur
que je n’ai pas,
ravissante.
2.
La tanière familiale –
la gueule du renard –
l’entrejambe des petites filles
mène loin de sentiers battus.
Et lorsque les jambes se croisent
c’est la route qui se barre
et le langage des familles n’est plus intelligible
la mouette crisse
(dernier drapeau)
et le rêve,
engelure irrisée
de l’amour
3.
Dieu se délassant en son jardin
à cinq heures
soudain jaloux de se savoir unique
expulse le couple oisif
coupable d’avoir pensé
au figuier défendu.
Cette histoire
se répète toujours les jours,
Je sais je l’ai vécue
en toute innocence.
L’Ogre aux membre d’airain
au visage roux,
dépourvu de mains
pétrissait avec son cul
les visages des traîtres
pour leur faire cracher
le noyau du mensonge
qu’il mettra en terre
et d’où poussera l’eucalyptus à feuilles lamées :
le vent se sera levé
et avec les lui les sept plaies,
la pluie des élytres
la peste, l’horreur d’un ciel de novembre,
la décapitation des herbes enchevêtrées,
les pas affolées dans la nuit sans ombre,
le visage de la porte qu’on ne parvient plus à ouvrir.
4.
L’exaspération croît
les laideurs ne sont plus farouches
les tentures vrombissent la nuit au désert ;
le vent qui roule des cîmes,
rocs de conviction.
La douleur taiseuse
les nuages infertiles, le sable s’écoulant dans les choses :
récit des amas indistincts,
tissu de mensonges.