Genèse

Publié le 11 septembre 2012 par Emia

1.

Mourir jeune

c’est s’affirmer violemment

et clamer sa liberté au-devant des lois ;

Tandis que mourir vieux

c’est le contraire,

c’est finir par s’avouer vaincu

bien sûr

par avouer ce qu’on a toujours su :

par lâcheté

par espoir

par amour des belles séductions

des rondes sempiternelles et primesautières,

des colliers de perles roses

éparpillées sur la plage rance,

du musc des eaux,

des vagues marines,

des glissades temporelles sur l’aile boréale,

l’envol du cœur par-dessous

la côte osseuse,

sœur

que je n’ai pas,

ravissante.

2.

La tanière familiale –

la gueule du renard –

l’entrejambe des petites filles

mène loin de sentiers battus.

Et lorsque les jambes se croisent

c’est la route qui se barre

et le langage des familles n’est plus intelligible

la mouette crisse

(dernier drapeau)

et le rêve,

engelure irrisée

de l’amour

3.

Dieu se délassant en son jardin

à cinq heures

soudain jaloux de se savoir unique

expulse le couple oisif

coupable d’avoir pensé

au figuier défendu.

Cette histoire

se répète toujours les jours,

Je sais je l’ai vécue

en toute innocence.

L’Ogre aux membre d’airain

au visage roux,

dépourvu de mains

pétrissait avec son cul

les visages des traîtres

pour leur faire cracher

le noyau du mensonge

qu’il mettra en terre

et d’où poussera l’eucalyptus à feuilles lamées :

le vent se sera levé

et avec les lui les sept plaies,

la pluie des élytres

la peste, l’horreur d’un ciel de novembre,

la décapitation des herbes enchevêtrées,

les pas affolées dans la nuit sans ombre,

le visage de la porte qu’on ne parvient plus à ouvrir.

4.

L’exaspération croît

les laideurs ne sont plus farouches

les tentures vrombissent la nuit au désert ;

le vent qui roule des cîmes,

rocs de conviction.

La douleur taiseuse

les nuages infertiles, le sable s’écoulant dans les choses :

récit des amas indistincts,

tissu de mensonges.