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La mer - Sablier troisième

Publié le 27 mars 2008 par Stella

Il est trois heures du matin, je n’arrive pas à dormir. J’entends le bruit de la mer, des vagues qui s’écrasent contre la falaise en soupirant, en rongeant de leur larmes les pierres insensibles.

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J’ai toujours aimé la mer. Elle me calme, me rend gaie, me rassure. C’est ma mère, ma tutrice, mon aimée tant espérée, si longtemps attendue et jamais obtenue. Insaisissable. La mer, c’est mon enfance, mon île, ma maison sur le port. Le bruit des haubans qui claquent le long des mâts des voiliers, sagement amarrés dans le bassin, est l’un des plus délicieux que je connaisse. Le raclement des pare-battages le long des quais, lorsque l’eau du port s’agite, est un chuintement porteur d’espoir, de départ, de soleil et de vent même lorsque le temps est gris. Son parfum salé monte à mes narines, sa chanson flatte mes oreilles, clapotis mélodieux ou roulement de colère. Je l’aime. Parée d’un friselis d’écume ou du lourd manteau de l’hiver, la mer est élégante en toutes circonstances. Elle est un modèle, une référence.

« Je n’ai pas la vertu des femmes de marins », chantait Barbara. La mer possède cette incroyable qualité : la fidélité. Elle se retire, part au loin, disparaît mais revient, toujours au même endroit, familière et chatoyante, souple, ondoyante. Elle sait alors être chatte, Pomponnette ronronnante, déroulant des vaguelettes caressantes sous les pieds des enfants. Elle sait se faire hautaine, coupante, cassant des vagues dures et des embruns glacés devant l’homme seul et triste, le marin hésitant. Elle part parfois dans des fureurs sans fond, des colères homériques sous le nez des étoiles. Les falaises effarées ferment leurs yeux de pierre. Le bateau égaré est happé dans sa main, brandi comme un jouet, englouti tout à trac. C’est le vent son complice, son ami, son amant.

« Regarde ce magnifique océan qui vient mourir là, sur cette plage du bout du monde » m’a dit un jour mon oncle. Architecte de talent il a, à sa manière, rendu hommage à la mer en dessinant pour notre ami Yann la magnifique Auberge des Plages, à Cayenne. Sa terrasse ne domine pas la mer, elle y participe. Là réside le génie de l’un et le jeu de l’autre.


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