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La goutte, une maladie plus complexe qu’il n’y paraît

Publié le 18 septembre 2012 par Nuage1962

La goutte une maladie qui semble avancer dans divers pays, est-ce du a la restauration rapide ? l’obésité ? Il est clair que certains sont plus prédisposés que d’autres … mais comme maladie douloureuse, ayant probablement certaines conséquences sur d’autres problèmes de santé, les scientifiques cherchent de meilleur traitement
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La goutte, une maladie plus complexe qu’il n’y paraît

La goutte, une maladie plus complexe qu’il n’y paraît

Martine Lochouarn

INFOGRAPHIE – Elle se manifeste par des crises articulaires très douloureuses.

Si l’épidémie mondiale d’obésité suscite à juste titre des inquiétudes, une autre maladie augmente en parallèle: la goutte 

«En Europe, elle touche 1 à 1,5 % de la population. Aux États-Unis, son incidence est passée entre 1990 et 2007 de 2,1 % à 3,9 % de la population, soit plus de 8 millions de sujets atteints, explique le Pr Thomas Bardin, rhumatologue (hôpital Lariboisière, Paris). La goutte progresse partout, frappant des pays jusque-là indemnes, comme la Chine, le Japon ou la Nouvelle-Zélande.»

Une progression favorisée par l’alimentation de type «fast-food», plus calorique, plus grasse, propice à l’expression de prédispositions génétiques mieux identifiées. Selon une étude récente, les Américains obèses ont 2 à 3 fois plus souvent la goutte que ceux de poids normal…

La goutte se manifeste par des crises articulaires très douloureuses, touchant surtout la base du gros orteil, parfois la cheville, le genou ou la main. Elle est provoquée par des cristaux d’urate de sodium issus de la dégradation en acide urique des purines, biomolécules majeures du métabolisme*. L’acide urique est pour l’essentiel éliminé par les reins dans les urines.

«Dans le sang, il est sous forme d’urate de sodium, peu soluble, qui tend à précipiter en formant des microcristaux s’il dépasse 60 mg/l, indique le rhumatologue. Sa solubilité baissant avec le froid, ces microcristaux se déposent plutôt aux extrémités.»

Ils se forment à la surface des cartilages et de la membrane synoviale des articulations, parfois dans les tendons ou sous la peau… Leur croissance est extrêmement lente.

La goutte, une maladie plus complexe qu’il n’y paraît

Le plus souvent, l’hyperuricémie résulte d’une discrète prédisposition génétique à mal éliminer l’acide urique et d’une alimentation qui la favorise. L’hyperuricémie et les dépôts sont asymptomatiques, mais 10 à 15 % des hyperuricémiques font une crise de goutte qui, elle, est douloureuse. Plus l’hyperuricémie est ancienne et élevée, plus le sujet est âgé, et plus le risque de crise s’accroît.

Sauf exception, la goutte se déclare tardivement. Elle touche 4 à 5 fois plus souvent les hommes, surtout après 50 ans. La goutte peut aussi être secondaire à une insuffisance rénale. Chez les femmes très âgées, elle découle souvent de la prise prolongée de diurétiques contre l’hypertension. Elle atteint alors plutôt les mains. Dans cette dernière forme et dans les gouttes sévères apparaissent des tophus, des nodules parfois volumineux, remplis de cristaux d’urate, indolores mais qui peuvent léser les articulations et les os.

«Pour qu’une crise de goutte survienne, il faut qu’un événement fragilise un dépôt, libérant des cristaux dans l’articulation où ils interagissent avec des cellules immunitaires, monocytes-macrophages et polynucléaires. Une réaction inflammatoire se déclenche alors», explique le Pr Frédéric Lioté, rhumatologue (hôpital Lariboisière et Inserm U606, Paris).

L’événement déclencheur peut être un coup, une infection, une fièvre… Parfois juste un repas copieux. L’articulation devient alors rouge, chaude, douloureuse.

«L’accès est si brutal que la plupart des malades peuvent dire précisément à quel moment il s’est déclenché.»

La crise est souvent assez typique pour suggérer le diagnostic au médecin.

«Mais seule la biopsie de l’articulation qui place en évidence les cristaux permet de l’affirmer.»

Les crises de goutte peuvent également toucher la main.Application de glace


Les crises de goutte peuvent également toucher la main. Crédits photo : BSIP/SGO / BSIP

Certains malades ne feront qu’un accès ou deux ; pour d’autres, la maladie deviendra chronique, l’intervalle entre les crises diminuant au fil du temps.

«Il faut distinguer le traitement de la crise, qui vise à réduire la douleur, mais ne prévient pas les accès ultérieurs, du traitement de fond de la goutte, destiné à faire disparaître les dépôts en ramenant l’uricémie à la normale, souligne le Pr Pascal Richette (hôpital Lariboisière, Paris). Médicament de référence de la crise d’arthrite goutteuse, la colchicine est d’un usage délicat. Les anti-inflammatoires et les corticoïdes peuvent aussi être utilisés, sauf contre-indications.» Le repos articulaire, l’application de glace soulagent également.

En cas de goutte sévère (atteinte rénale, osseuse, tophus) ou d’accès répétés, un traitement de fond au long cours s’impose pour normaliser l’uricémie.

«Il repose surtout sur l’allopurinol, à utiliser avec précaution, et depuis peu sur un nouveau médicament, le fébuxostat.»

Le traitement repose aussi beaucoup sur la restriction d’aliments favorisant l’hyperuricémie (protéines animales, bière, sodas sucrés…).

Outre ces nouveaux soins, la recherche a aussi apporté une meilleure compréhension de la goutte, maladie inflammatoire intriquée avec le syndrome métabolique, avec le diabète, et qu’on soupçonne depuis peu d’être par elle-même un facteur de risque cardio-vasculaire. Son traitement évoluera donc certainement beaucoup dans les prochaines années vers une prise en charge plus globale des malades.

* Les purines sont un constituant majeur de l’ADN, et aussi de l’ATP, la molécule majeure des échanges d’énergie dans la cellule.

http://sante.lefigaro.fr



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