Jay-Z & Kanye West : pour ou contre ?

Publié le 05 juin 2012 par Cess A @Cess_A

Je n’aime pas les shows pré-calibrés. Je ne suis pas une inconditionnelle de rap et de hip hop. Je ne supporte pas les stars américaines à l’égo surdimensionné. Je porte peu d’intérêt au gros label. Et le style bling bling me fait fuir.  Et pourtant…  « Il est des contradictions qui ressemblent fort à des évasions ». Samedi 2 juin, 20h45, je me trouvais face aux deux poids lourds du hip hop. J’ai nommé Jay-Z et Kanye West, pour “Watch The Trone”. Le concert événement à Bercy que les fans attendaient depuis la première heure.

Et là, la machinerie américaine s’enclenche. A double invité, double scène. La mise en scène blingo-religieuse donne le ton. Les deux boss du rap américain font leur entrée perchés sur deux cubes géants s’élevant à plusieurs mètres du sol. Jeu de lumière, rayon laser, flammes, feu d’artifice s’en suivent. Ça brille, ça part dans tous les sens. Alternant, les tubes solo et les morceaux écrits ensemble, les rappeurs ne font pas semblants et enchaînent une quarantaine de tubes. Sueur, danse, transe sont au rendez-vous. Quand “Empire State of Mind” retentit, on ne peut s’empêcher de vibrer. Kanye West et Jay-Z ne se refusent rien. Ils convoquent Frank Sinatra, Justice, Daft Punk, Otis Redding. C’est osé mais on en redemande. Quand le clip “No Church in the Wild” de Romain Gavras prend le pas sur le documentaire animalier qui défilait depuis une heure, les images des émeutes urbaines prennent tous leurs sens. La bataille du trône s’efface quand les deux kings tournent le dos à la salle pour regarder  les images de “leurs” Etats-Unis qui défilent sur fond de “It’s a wonderful world” de Louis Armstrong : vues de l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005, photos d’Américains frappés par la crise, archives du Ku Klux Klan. La réalité prend le pas sur la fiction et la démesure.

À y regarder de près, on se fait avoir par la performance et les messages des deux prétendants au trône. Essaient-ils de se donner bonne figure ? On oublie qu’on en détestait le genre. “Watch the Trone” prend un virage schizophrène. De là à avouer que les deux géants sont les maîtres du monde, on se fait néanmoins prendre à son propre piège. Les dieux du rap américain scintillent vraiment et pas pour faire semblant. Ils mettent Bercy à leur pied, font le show et assurent. Battle, émotion, fiction, on s’y perd mais on adhère en vain. En guise de bouquet final, un rappel en forme de record restera dans les mémoires. “Niggas in Paris”, chanson composée à l’hôtel Meurice, a été joué 11 fois de suite et pour la première fois à Paris, le berceau de leur composition respective.

Verdict ? Un show marathon d’une durée de 3h30 dont on ressort déstabilisé mais convaincu d’avoir assisté au concert le plus mégalo de la décennie. Les fans eux diront, que c’était LE concert de leur vie. Les absents pourront se rattraper le 18 juin prochain. Et si on doit désigner un vainqueur ? Presque sobre mais efficace, Jay-Z a pour ma part remporté le trône et mon respect.