Étudiante en philosophie: Edith Stein (1891-1942) -2-

Publié le 19 septembre 2012 par Perceval

Edith oriente sa recherche vers la notion d’empathie (Einfühlung), c'est-à-dire la perception intuitive de l'autre par sympathie afin qu'une rencontre interpersonnelle puisse se réaliser en profondeur. Mais Edith connaît une crise, sa thèse stagne, la jeune étudiante tombe dans une profonde dépression : « Peu à peu je m'enfonçais dans un véritable désespoir... Je ne pouvais plus traverser la route sans souhaiter qu'une voiture m'écrasât. Lors des excursions une seule idée me hantait : disparaître dans l'abîme, c'en serait fait de ma vie » (Leben ... ), Elle va sortir de cette mauvaise passe grâce à l'amitié d'Adolf Reinach qui l'encourage et l'aide dans sa recherche.

Avec Grete Ortmann, elles abordent des sujets religieux, motivés par la conversion de leur professeur Adolf Reinach au christianisme, et qui avait fait part dans des notes, qu'il ne ferait plus de la philosophie que « pour montrer aux hommes le chemin de la Foi ».

Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, les amphithéâtres se vident...

Edith-Stein 1914 Croix rouge

Elle désire répondre à la haine par un « service d’amour ». Et elle est infirmière volontaire de la Croix Rouge dans un hôpital militaire pour maladies infectieuses, dans une petite ville de la Moravie. Elle mesure la difficulté de communiquer avec l'autre car elle se trouve en présence de malades slovaques, ruthènes, hongrois, polonais, tchèques, etc. Elle y fait l'expé­rience douloureuse de la souffrance et de la mort. Forte de cette expérience concrète, elle pourra contester, quinze ans plus tard, les analyses de Martin Heidegger en affirmant : « Quiconque a assisté à une agonie ne pourra plus croire à un anonyme 'on meurt' » ( Edith Stein, Phénoménologie et philosophie chrétienne, Éd. du Cerf, 1987, p. 101.)

En 1915, Edith passe son Certificat d'Aptitude au Professorat, tout en gardant des liens particuliers avec ses camarades au combat, comme Hans Lipps, à qui elle envoie des objets très divers : tantôt une gravure japonaise sur bois, tantôt quelques traités concernant la théorie de la relation, souvent de bonnes pralines ou autres sucreries ...

Ensuite, elle revient à la philosophie avec une attitude nouvelle: « la vie a le dernier mot! ». Le 3 août 1916, Edith Stein obtient son doctorat

Malgré ses réserves sur la pensée philosophique de Husserl, Edith reste près de lui, et en 1916, elle le suit comme maître assistant à l’Université de Fribourg. Elle prend la succession d'Adolf Reinach, tombé en Flandres en novembre 1917, un an après avoir été baptisé avec son épouse dans la religion protestante.

«  L'attitude d'Anna Reinach m'a fait rencontrer pour la première fois la Croix et la force de Dieu, que'elle donne à ceux qui la portent ; j'ai pu voir concrètement devant moi le corps de l'Eglise, née de la souffrance rédemptrice, victorieuse … A ce moment-là, le Christ a rayonné en moi, dans le mystère de la Croix, balayant mon incroyance et effaçant mon judaïsme. »

Groupe de göttingen en 1922 tous élèves de Husserl

A Fribourg, Édith donne aux étudiants les aptitudes requises pour suivre les cours magistraux de Husserl, tâche particulièrement difficile à une époque où les milieux élitistes ne comprennent guère que les cours soient dispensés par une femme … et Edith Stein ne peut admettre cette confusion … Edith rencontre d'autres personnalités, comme le philosophe Martin Heidegger...