Rejection vs Kiss:
Le marché du célibataire est en pleine
expansion, paraît-il... certes. Dans nos supermarchés, des portions
individuelles. Des plats cuisinés. Des mini Caprices des Dieux en 3
portions. Des mini rosette de Lyon en 2 sachets saveur. Des mignonettes
de vin et de champagne par des marques prestigieuses. Dans nos loisirs,
des villages ou des excursions sportives pour singles, des cartes de
cinéma illimités pour tuer le temps qu'on a en trop. On peut même faire
ses courses sur internet...
Internet justement... Avec, sur le
marché de l'amour, les sites de rencontres qui n'en peuvent plus de
nous faire les yeux doux, de Yahoo à Tf1 en passant par Meetic ou
Citegay (bleu, noir ou rouge selon votre humeur), il est impossible d'y
échapper. Et là aussi, on se croirait au supermarché. On chasse les
hommes ou les femmes comme on fait ses courses: on
choisit le plus joli emballage, celui dont on a l’habitude ou encore
celui qui nous coûtera le moins cher (je vous laisse le choix de
l’interprétation…). Comme devant un rayon devant lequel on a trop de
choix, on devient difficile, on hésite, on voudrait du "satisfait ou
remboursé", alors du coup, on essaie, on essaie, mais on est rarement satisfait. Et on revient
(presque toujours) à la case départ.
Comme vous le savez, je goûte depuis plusieurs mois maintenant au statut de "Célibattant". Même si j'ai fait mien le
principe du "mieux vaut être seul que mal accompagné", je ne reste pas sans rien faire pour autant... Alors, je me retrouve confronté à la
dichotomie d'une réalité qui maintenant me laisse un peu perplexe. Dans
un contexte de surconsommation plus ou moins facile, les rencontres "virtuelles" sont souvent assez
"cash". Mais "le monde du réel" vous réserve lui aussi ses petites surprises. Dans les deux cas, vous êtes susceptibles de vous retrouver dans des situations dignes d'une grande série B. Je
m'explique. Vous rencontrez
quelqu'un (en boite de nuit, en soirée, chez des amis, dans la rue...)
et vous finissez par échanger vos numéros de téléphone. Jusque là, tout
va bien.
Sauf que, habitué que vous êtes dans votre
"consommation plaisir", vous en oubliez les lois de la bienséance
lorsque votre rencontre n'a pas fini directement dans un lit. On vous
propose d'aller boire un verre pour discuter?! Euh... un quoi?! Vous
vous surprenez à trouver ça bizarre, une chose aussi simple. Pourquoi
on ne va pas chez toi ou chez moi? Alors vous acceptez ce que devient
ce qu'appellent les américains la fameuse "date". Vous rendre dans un
lieu public pour discuter avec une personne avec laquelle il ne s'est
rien passé, mais avec l'arrière pensée qu'il se passera finalement
quelque chose, toutefois sans garanties. Et la discussion qui s'en suit
fait, qu'habituellement, c'est un plutôt un "tue l'amour" qu'un
"turbo-libido" (à moins de s'enfiler 1 ou 2 bouteilles de bon vin
pendant la "date" mis le résultat n'est pas pour autant garanti...).
Tantôt
laborieux, tantôt sympathique mais dans tous les cas toujours bancal,
cette "date" vous oblige à raconter votre vie par le menu et à écouter
celle de l'autre, tout en vous contraignant à vous trouver des points
communs pour poursuivre le contact. Et plus on avance dans l'âge, plus
on a techniquement des choses à raconter... que l'on ne veut justement
plus raconter! Vous quittez (souvent) votre "date" sur un baiser volé
(et rarement plus) en attendant la prochaine fois. Car promis, "on se
rappelle". Mais tout en sachant qu'il y aura du concret avec d'autres
entre temps et que le "rappel" en question est bien loin du réveil que
l'on programme soi-même à une heure fixe à laquelle on l'attend. Alors je me dis que, comme certainement beaucoup d'autres, "il vaut mieux une bonne histoire de fesses
qu'une mauvaise histoire d'amour". Même si c'est cette dernière que
l'on souhaite bien souvent.
Bon et bien voilà. C'est pas tout ça mais moi, il faudrait que j'aille faire mes courses maintenant... une idée?