Pourtant, les attaques et sarcasmes envers les religions demeurent une tradition républicaine héritée de la révolution Française. De même que la laïcité, qui permet à chacun de vivre sa croyance – ou son absence de croyance – dans le respect de la loi. De même que la liberté d’expression qui permet à qui le souhaite de s’en amuser ou de la critiquer sans pour autant craindre agressions physiques et violence armée. En d’autres termes, « c’est de bonne guerre ».
Ainsi, il n’est nullement interdit à un moine shaolin de publier, dans Boudhisme magazine, une caricature d’athée réincarné en caca de chien. D’aucuns trouveront cela rigolo, obscène, ou sans intérêt et auront le droit de le faire savoir. De même pour une représentation du fameux Mahomet, qui demeure interdite dans le cadre d’une doctrine, pour peu que l’on y souscrive. Dans ce cas précis, l’islamophobie ne consiste pas à reproduire l’icône d’un catéchisme auquel on n’adhère pas, mais bien de considérer les fidèles de cette religion comme des individus incapables de libre arbitre, jugement critique et autre recul sur les évènements. Un racisme latent doublé d’une paradoxale mauvaise foi.
C’est ainsi qu’a déferlé, dans tous les médias, une série de réactions aussi condescendantes que paternalistes sur le thème « Pardonnez les dessinateurs, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Sous entendu : « On sait que vous, les musulmans, vous êtes idiots, susceptibles et violents mais je vous en prie, ne brûlez pas ma bagnole !! ». Ainsi le mouvement intégriste s’impose comme le porte-parole de toute une religion. Ainsi l’amalgame s’opère entre pratiquants d’une confession et brutes fanatiques. Raccourci fâcheux drapé dans le voile islamique du respect et de la tolérance.
Heureusement, aucune loi n’interdit d’être choqué par un dessin satirique. Évidemment, aucune loi n’impose d’acheter Charlie Hebdo.
Malheureusement, aucune loi n’oblige les dirigeants français et l’élite médiatique de ce pays à faire preuve de discernement et d’intelligence.
Guillaume Meurice
20/09/2012