Ce soir, comme j'aime à penser que cela deviendra une tradition, je suis allée au cinéma voir La Garçonnière de Billy Wilder à l'Utopia. En fait j'avais déjà vu ce film sur mon tout petit écran après m'être rendue compte que je n'avais pas vu grand chose du réalisateur et des acteurs pourtant très connus.
Je dois dire que ce film est vraiment parfait, il peint un portrait fripon des années 50 dans les grandes entreprises où tous les chefs fricotaient avec des maîtresses (Mad Men quand tu nous tiens !). Et tous avaient forcément besoin d'une planque, d'un endroit mieux qu'un hotel miteux pour emmener leurs conquêtes. Ils ont du bol les chefs, dans leur entreprise, ils ont une gars mais terriblement gentil et serviable. Il a prêté son appart une fois et le voilà devenu le chouchou des grands pontes qui prennent rendez-vous bien à l'avance pour pouvoir profiter de la garçonnière.
Ce type c'est son histoire, c'est son film, il est tellement à la recherche de la récompense de ses chefs et surtout de promotion, qu'il leur passe tout. Il prête son appart tout le temps, se fait mettre dehors s'il est dedans, et il ne croit plus vraiment être le vrai propriétaire des lieux. Mais bon, difficile de le plaindre quand il gagne son avancement de cette manière. Et pourtant il se révèle être un trésor de gentillesse qui ne pense vraiment pas à mal.
Ce qui change c'est qu'il en pince pour une fille s'occupant des ascenceurs, et cette fille et bien, elle est la maîtresse du grand manitou. Du coup il espère après elle alors qu'elle se retrouve chez lui avec le patron. Il continue d'être aimable avec elle, à l'inviter même s'il se fait poser un lapin. Il espère et n'a jamais un mot colérique, il est visiblement mélancolique. C'est sidérant de voir à quel point son visage s'éclaire lorsqu'il lui parle même si elle ne lui donne pas de raison de continuer à espérer.
Et pour une fois cet appartement d'où il est si souvent mis à la porte va enfin être le lieu de refuge pour elle et lui permettre d'enfin passer du temps avec elle. Ses attentions pour elle, sa dévotion sans borne, les mensonges qu'il invente pour la protéger. Toute sa bonté de coeur est vraiment révélée à ce moment-là.
C'est là que je craque pour Jack Lemmon qui passait son temps à faire des mimiques et à essayer de plaire aux patrons. D'un coup il est attentif, doux et prévenant, il force un peu sur la quantité de paroles, mais ça on voit bien que c'est habituel lorsqu'il est stressé. Et il continue sa progression vers ce "mensch" cet être humain dont il ne voit pas l'intérêt du tout au début. D'un coup tous les mensonges, les manigances pour satisfaire les patrons n'ont vraiment plus du tout d'intérêt. Pis, lorsqu'il réalise que le big boss va encore se jouer de cette jeune femme, c'en est trop, et il brille par son héroïsme, enfin réveillé de son apâtie.Ce film renferme tellement de trésors de romantisme, d'humour et de critique de la société c'en est assez sidérant.Cette image du héros dansant joue contre joue avec une parfaite inconnue le soir de Noël dans un bar vide est si douce et charmante, incongrue également puisqu'ils sont tous les deux saouls et tristes en ce soir de fête.
Et la scène absolument génialissime du tamisage des pates à la raquette vaut son pesant de cacahuètes !
Bref une petite perle qui adoucit la fin de semaine.
Et que dire de l'Utopia qui continue à passer de vieux films au cinéma ? Je ne les remercierai jamais assez ! J'y retournerai tout plein de fois pour la peine.
Info :La garçonnière (The apartment); Réal : Billy Wilder; Acteurs : Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray; 1960; imdb