Un sanctuaire marin grand comme la lune

Publié le 22 septembre 2012 par Nuage1962

Un très beau projet et en réalité nécessaire pour redonner a l’Océan Pacifique la santé qu’elle mérite, mais la superficie de ce projet est immense et l’argent sera t’il au rendez-vous ? Comme on le sait, tout ce qui n’est pas rentable économiquement n’est pas intéressant pour les grandes puissances
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Un sanctuaire marin grand comme la lune

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Peter Seligmann, co-fondateur de l’organisation écologiste Conservation International (CI), oeuvre de concert avec les îles du Pacifique afin de constituer un gigantesque réseau de réserves baptisé « Pacific Oceanscape ».

PHOTO ROMEO GACAD, AFP

NEIL SANDS
Agence France-Presse
Avarua, Les îles Cook

« Quand j’étais gamin, tout ça était vivant », se désole Kevin Iro en foulant des grappes de coraux morts sur une plage des îles Cook.

L’ancien international de rugby se consacre désormais à un projet : faire de l’océan Pacifique la plus vaste réserve marine de la planète.

Les îles Cook ont annoncé fin août la naissance de la plus grande zone marine protégée d’un seul tenant, une vaste étendue d’océan dans le Pacifique grande comme deux fois la France.

La réserve de 1,065 million de km2 couvre la moitié de ses eaux territoriales, riches en récifs coralliens et abritant des milliers d’espèces de poisson et de plantes marines.

C’est la contribution des îles Cook « au bien-être non seulement de nos populations, mais de toute l’humanité », a dit le premier ministre Henry Puna, en appelant les 15 États membres du Forum des îles du Pacifique (FIP) à s’unir.

Kiribati et Tokelau ont déjà créé leurs sanctuaires marins tandis que le territoire français de Nouvelle-Calédonie a annoncé la création dans les deux ou trois prochaines années d’un parc marin de 1,4 million de km2.

Peter Seligmann, co-fondateur de l’organisation écologiste Conservation International (CI), oeuvre de concert avec les îles du Pacifique afin de constituer un gigantesque réseau de réserves baptisé « Pacific Oceanscape » (littéralement : paysage océanique du Pacifique).

Ce projet complètement fou dans son ambition et ses dimensions permettrait de sanctuariser 40 millions de km2, depuis les Îles Marshall au nord jusqu’à la pointe septentrionale de la Nouvelle-Zélande au sud.

Une réserve de la superficie de la lune

Soit 8 % de l’enveloppe terrestre, quatre fois l’Europe. Presque exactement la surface de la lune…

« Ce que nous voyons naître est tout simplement le plus grand projet de protection de la nature de l’histoire », a affirmé Peter Seligmann à l’AFP. « Morceau après morceau, nation après nation, il prend forme ».

Les pays du FIP, pour la plupart des micro États menacés par la montée des océans, ont donné leur accord de principe.

« C’est leur intérêt. Les océans sont en état de siège : stocks de poissons éprouvés, blanchiment du corail dû au changement climatique et acidification », relève le scientifique.

Le Pacifique abrite 60 % des populations de thon, d’inestimables prairies et des récifs coralliens qui s’accordent avec une extraordinaire faune marine, dont les baleines, les dauphins et les oiseaux sont les prestigieux ambassadeurs.

L’idée n’est pas d’interdire de façon systématique ni la pêche ni l’exploration minière, mais de les assujettir aux impératifs écologiques, explique Marea Hatziolos, spécialiste en espaces marins et côtiers à la Banque mondiale.

Les chalutiers seront proscrits dans les zones les plus fragiles, mais d’autres parcelles de mer seront au contraire réservées à la pêche commerciale et au tourisme.

« Il y a vraiment une dimension économique dans ce projet, en plus de la protection de la biodiversité. Il permet en effet aux petites nations du Pacifique de gagner de l’argent », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Des voeux pieux, déplorent certains, car les petites nations du Pacifique n’ont pas les moyens de financer la surveillance des sanctuaires.

Peter Seligmann reconnaît cet écueil, mais fait valoir que les puissances régionales – États-Unis, Australie, Japon et Nouvelle-Zélande – pourraient fournir la logistique nécessaire.

« Il est dans l’intérêt des pays développés de faire en sorte que les ressources halieutiques soient abondantes dans un siècle », dit-il.

Pour Kevin Iro, le « Pacific Oceanscape » est calqué sur une pratique indigène appelée « raui » et qui consistait en quelque sorte à mettre des espaces marins en « jachère ».

« Les chefs disaient “nous ne pêcherons plus dans cette zone, j’impose un raui dessus, personne n’a le droit d’y toucher avant la régénération des stocks » », explique-t-il.

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