[C’EST UN MATIN DOUX ET AMER]
C’est un matin doux et amer où la vie n’a que cet âge pour dire : viens, et parlons.
Après le deuil la lumière est nue, sans traces qui nous fondent. Épuisée d’un amour voulu comme une fête, devenu peu à peu feuille tremblante, guérissable blessure.
Une main, une voix, doigt à doigt, mot à mot, courbe et ligne courbe de mon corps pour aimer leur caresse. Et puis l’éclat, la dureté du réel pour empêcher et recouvrir la faim. Le dénuement n’est que la marque toujours présente du déjà, du déjà-là proféré en abyme. L’esprit en feu, en friable douleur, aimant esprit. Et la lampe tenace des mots accroche sa ronce en moi.
Précis et tendres, signes fidèles, signes attentifs, écartelants et clos de la voix qui cerne la promesse. Au déliement de leur venue, à leur silence, cette demande pour achever l’inachevable.
Car l’ombre remplie d’étoiles et de terre prend la saveur d’un lendemain amputé et meurtri. Soleil couchant de l’amour qui irradie avant de s’éteindre et dont la veine pourpre mène au vivant.
Je sais que je ne sais rien mais je prononce ce que je dois sans bruit, car c’est encore l’éternité qui s’attend.
Sylvie Fabre G., L’Autre Lumière, Éditions Unes, 1995, page 31, in Frère humain, suivi de L’Autre Lumière, L’Amourier éditions, Collection Fonds Poésie dirigée par Alain Freixe, 2012, page 108. Préface de Pierre Dhainaut.
SYLVIE FABRE G.
Source
■ Sylvie Fabre G.
sur Terres de femmes ▼
→ Sylvie Fabre G. par Sylvie Fabre G. (auto-anthologie poétique comprenant plusieurs extraits de L'Approche infinie)
→ Dans l’attente d’un prolongement qui se meurt (note de lecture d'AP sur Corps subtil)
→ Corps subtil (poème issu du recueil Corps subtil)
→ L’Approche infinie (note de lecture d'AP)
→ Celle qui n’était pas à sa fenêtre (extrait issu du recueil Le Génie des rencontres)
→ Maison en quête d’orient (poème issu du recueil Les Yeux levés)
→ Quelque chose, quelqu’un
→ Trouver le mot (autre poème issu du recueil L'Autre Lumière)
→ (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Sylvie Fabre G. (+ poème issu du recueil L'Approche infinie)
→ Jean-Pierre Chambon, Le Petit Livre amer, par Sylvie Fabre G.
→ Pierre Péju, Enfance obscure, par Sylvie Fabre G.
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) L’au-dehors
→ (dans les Chroniques de femmes) L'Amourier | Le Jardin de l’éditeur par Sylvie Fabre G.
→ (dans les Chroniques de femmes) Anne Slacik par Sylvie Fabre G. : Anne, la sourcière
→ (dans les Chroniques de femmes) Ludovic Degroote | Retisser la trame déchirée, par Sylvie Fabre G.
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Sylvie Fabre G.
→ (sur le site des Éditions L’Amourier) une fiche bio-bibliographique sur Sylvie Fabre G.
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