Un historien, Vincent Troger.
Maître de conférence à l' IUFM de Nantes, auteur avec Jean-claude Ruano-Borbalan d'une "histoire du système éducatif", Que sais je
Second Article tiré du magazine Phosphore, de septembre 2008. (un dernier suivra demain, avec un autre regard... )
Notre représentation actuelle de la réussite s'est développée à partir des 30 glorieuses (de l'après-guerre au milieu des années 70 ).
La croissance économique exceptionnelle a fait émerger la possibilité d'échapper à son milieu social.
Jusque-là, les métiers d'artisans, agriculteurs ou de commerçants se transmettaient de père en fils.
Leur proportion a diminué pour laisser place aux salariés et cadres.
La promotion sociale était une exception, elle est devenue une norme.
Cela s’est couplé avec un changement du statut de l’enfant, dont on s’est mis à souhaiter l’épanouissement.
Avant, il s’agissait de reprendre la terre ou la boutique.
L’injonction sociale est devenue : « réaliser son potentiel individuel ».
L’individu y gagne en liberté, mais aussi en pression : devoir se réaliser est une injonction difficile...
Et puis, la croissance économique des Trente Glorieuses s’est arrêtée.
Entre-temps, l’école qui servait surtout à apprendre à lire, écrire et compter, a été organisée en fonction du marché de l’emploi.
L’ascension sociale est devenue bien plus difficile, la compétition scolaire plus dure.
Et on se retrouve face à une contradiction majeure : on pense pouvoir tout faire, on est éduqué dans ce sens, mais le tri à l’école s’opère très tôt.
Il existe quand même toujours des espaces de réussite possible sans réussite scolaire, notamment quand s’ouvrent de nouvelles branches professionnelles.
A une époque, l’informatique, Internet ; aujourd’hui, peut-être le secteur du développement durable ?
Allez au plaisir de vous lire...