J'ai bénéficié d'un vrai orage ce matin.
Avec des averses qui s'écrasaient contre le mur du bâtiment d'en face, avec en moi la sensation extrême que tout cela était beau, que les éclairs ne représentaient rien sauf la zébrure veineuse d'un ciel enfin palpitant. Oui, tout cela était beau. Et le goût de la pluie sur ma peau m'enivrait le corps. Et la ville de nouveau, la ville se voyait dressée sous l'assaut, vivante d'être ruisselante, pleine d'odeurs dont chacune essayait farouchement de noyer les autres. La ville entière respirait, ce matin. Moi avec, comme une extension physique légèrement anormale du solide corps qui palpitait sous mes yeux. Les soupirs métalliques des gouttières étaient mon coeur, le ruissellement vain du bitume mon sang trop pressé. Les arbres seuls se faisaient accueillants de la pluie. Les arbres et moi.