Release⎢LV – Sebenza (Hyperdub)

Publié le 25 septembre 2012 par Jekyllethyde

Prendre un traitement pendant un an et apprendre qu’il provoque une déflagration à petit feu de tes sinus, une perte d’odorat à vie ainsi qu’une méchante embrouille entre tes deux testicules (car en effet, elle ne recevrait pas une dose égale de ce « dérivé de corticoide testé cliniquement sur des éléphants »). Vous l’avez compris, j’en veux terriblement à la société et au lobby médical. Du coup, il me faut un skeud. Vite, un truc qui fait voyager, oublier, danser, couper et décaler. L’album de LV ? Parfait !

Le disque vient tout juste d’effleurer le lecteur que Sebenza m’attrape par la taille comme un timal un peu enrhummé ferait avec une jeune fille blanche en vacance à Saint Denis. Laisse ta canne au vestiaire, le riff est sucré et le rythme kwaitoesque. Ca sent l’Afrique, mais le groupe n’oublie pas d’où il vient. Animal Prints nous remet sur le chemin de London Town avec un groove complètement garage et un Okmalumkoolkat sponsorisé par Topshop qui te parle de la tendance saisonnal. Ca marche, j’fou mon tee-shirt léopard et me rappel soudainement qu’on partage 60% de notre patrimoine génétique avec ces félins. Rugissements sur le dancefloor.

Une bonne moitié de l’album sonne plutôt comme des riddims joliment séquencé et qui feront office d’instru pour les MCs du quartier. Dieu merci, on est dans le neighborhood branché de Johannesburg et les MCs sont Okmaloomkoolkat, Spoek Mathambo et Ruffest ; qui partagent leur origines mais pas leur flow. Ruffest est un duo très rap. Ca sent la g-touch de Joburg et ça me rappel la BO de « Mon Nom est TsoTsi ». Okmalumkoolkat est un basketteur des mots. Les syllabes rebondissent dans tous les sens. Le jeu et l’énergie verbale semblent d’ailleurs plus le préoccuper que le sens même de ses mots. Mais bon, l’histoire de la musique moderne est faite de plein d’anaphore un peu débile, on le pardonne donc volontiers. Quant à Spoek, le hipster noir de référence, il apporte la touche smooth mais ces bribes de chants ne forment pas de textes à proprement parler. Question de cachet ? Qui sait.

Pas vraiment taillé pour le club non plus – les tracks ne dépassant pas les 4 minutes – Sebenza risque bien d’emmener LV et ses MCs en tournée live. J’imagine déjà des salles de 200 à 300 personnes transpirer pendant que leur colonne vertébrale se transforme en serpent du désert.

Entre R&B des Savanes, UK Garage post apartheid et Afro Digital Funk, je ne suis pas sur que l’album permettra vraiment au groupe de mieux se faire connaître en France. Mais bon, les lyrics du titre éponyme nous ont prévenu : on se reposera en décembre – il vous reste deux mois pour danser sur DL Zulu Compurar ou Nothink Like Us et à moi pour oublier mes allergies.