8h15. Encore en retard. J’ai pourtant fait tout ce qui était possible pour être à l’heure. Je déteste arriver en retard. Ca me stress plus que de raison. Et comme si le stress ne suffisait pas, il faut que le trajet se déroule sous les pire auspices. D’abord, le réveil difficile, en plein mois de décembre. Il fait nuit noire et j’ai le sentiment de m’être à peine couché. Le petit déjeuner à peine avalé, il me faut cavaler jusqu’à la voiture du gentil voisin qui nous emmène à l’école ce matin. A peine installés dans la Renault Espace des familles, le stress monte. Le camion-poubelle qui bouche intégralement la rue à une voie. Dans le même temps, le voisin qui en profite pour passer un coup de fil à sa soeur pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, le tout en haut-parleur. Il est seulement 7h45, et la journée commence mal.
7h55. Nous voilà théoriquement à 10 minutes de l’école. Soit le temps tout pile pour arriver à l’heure. Le téléphone est raccroché, MFM a pris le relais. A L’Aziza de Balavoine succède Là-bas de Goldmann. Mais le calvaire ne fait que débuter. Comme chaque matin, le lecteur CD s’enclenche, offrant quelques secondes de silence opportun. Et puis, comme chaque matin, sa voix envahit l’espace confiné de la voiture. Doucement, les notes de guitare s’enchaînent une à une. Les premières chansons du premier album de la future première dame. Les six premières chansons exactement. Comme un rituel, nous n’avons jamais pu aller plus loin.
8h15, donc. La salle de cours est relativement pleine. Je rejoins ma place en tentant de me faire discret. La prof à déjà commencé. « L’essentiel, dans la musique, n’est pas tant la note que l’émotion qui émane d’elle. Les plus grands artistes ont composé les chansons les plus simples, nécessitant le moins d’accords et de notes possible. Néanmoins, si elles ont aussi bien marché, c’est en raison de leur caractère purement émotif et sensoriel. » Et pour appuyer son raisonnement, la voilà qui nous fait écouter ça:
Nous voyant baillant en écoutant sa musique désuète, elle se met à vitupérer. « Sortez vos flûtes! ». Mollement, chacun s’exécute. Alors que les partitions du morceau circulent dans la classe, nous nous regardons dubitatifs. « Vous faites les malins? Allez-y, montrez-moi de quoi vous êtes capables! » Somme toute, ce n’était pas si mal…
Le Portsmouth Sinphonia, c’est un prof de musique et un étudiant de la Portsmouth School of Art en 1970 (ce qui ne nous rajeunit pas) qui lancent la bonne blague qui marche: constituer un orchestre symphonique. Seule condition pour être accepté: ne surtout pas savoir jouer d’un instrument, ou alors utiliser un instrument totalement inconnu. Prévu à l’origine pour une représentation unique à prendre au second degré, ils ont quand même fait « carrière » pendant 9 ans, avec album et concerts. Une perle. Pour les plus cultivés, leur interprétation non moins magnifique d’Ainsi parlait Zarathoustra ainsi que d’autres classiques: