C’est une évidence, ya pas 10 ans lors de déplacements, en train, ferry et même trains de banlieue, tout à chacun dragouillait, branchait la jolie voisine ; et même si cela n’aboutissait pas vers le grimpage de rideaux en règle, au, moins, c’était une petite tranche de vie partagée avec un bel, une belle inconnue durant le voyage… Ou alors, on lisait, regardait le paysage ; bref des trucs les plus ringardisés. Aujourd’hui, comme le titre le Figaro : « Un Français sur trois saisit son Smartphone dès le réveil » (Saisissez plutôt vos copines bande de naze phone), LE SMART (veut dire entre autre, intelligent en anglais) phone rend vraiment CON !
Nostalgie…
Il y a longtemps la nostalgie se jouait sur ½ siècle… « J’me souviens lorsque mes grands parents m’amenaient à Etretat pour attraper les petites grises… » Maintenant, la nostalgie c’est 10 ans au max. En septembre 2002, le téléphone portable restait une machine juste bonne à passer un appel… Depuis, lors, c’est devenu la boite de vie, de survie, d’apnée. Sans Smart Phone t’es mort mon IPad Cinquo (le 6 sortira pour les fêtes, tenez vous prêt dès aujourd’hui, allez faire la queue devant la Fnac!)
Grand voyageur depuis ma première crise d’acné, je me souviens qu’il était si plaisant de converser avec mes voisins de train, où parfois même nous partagions les sandwiches, les bières. Quelques émouvantes parties de drague dans le wagon qui me transportait de Brest à Paris, où par 2 fois je fis bingo avec des belles, de nuit, dans le couloir désert… Les avions, où anxieux je me demandais en m’installant sur mon siège « est ce que je vais avoir comme compagne de vol, le super canon brunette qui m’a fait un si jolie sourire ? », Malheureusement je n’ai jamais eu de bol à ce petit jeu là, toujours un mec, gros, ronflant, ou une coincée pas belle… Ce sera le drame de ma vie, ces Paris, Los Angeles (14 heures de vol), coincé entre deux mammouths qui écoute à donf leur MP3… Même les trains de banlieue avaient leurs charmes. Quelques fois où on voyait les mêmes tètes, de petites conversations s’engageaient, puis de fil en aiguille… Ca a même débouché sur des mariages heureux. En ce temps là d’un jadis récent (il y a moins de 10 ans), l’important était le vécu, l’expérience de vie d’un déplacement du point A au point B. A « journey » en anglais. Se déplacer, vivre des expériences, qui souvent non déterminantes n’empêchaient pas, d’être tourné vers les autres et de sentir le pouls du monde qui nous entoure.
Maintenant d’aujourd’hui…
Mi juillet, début aout de l’été 2012, j’ai voyagé en ferry de Marseille à Bastia et retour… A l’aller, rien à dire, ferry de nuit, je me vautre sur une banquette et Morphée je te bise.
Retour, de 8 à 19h30. Pleins feux, plein jour. Je m’installe sur un transat du pont. Il y a foule. Soudain, je me rends compte que je suis LA seule personne à ne pas avoir le nez, les oreilles, les yeux et la queue captivés, que dis-je, engloutis dans mon Smartphone. Ils sont là, telles des petites fourmis biens besogneuses à tapoter, parler, écouter (pas trop), complètement absorbés qu’ils sont ; que le rafiot pourrait couler, ils ne seraient au courant que lorsque la ligne trop pleine d’eau couperait la diarrhée verbale et poussant un grand « gloup-gloup ». Consternant. Nous rentrons tous de vacances, biens dorés-bronzée mais tous (sauf moi et quelques martiens égarés) absorbés par le petit monstre (Small Monster) qu’est cette machine à communiquer pour mieux isoler. Et oui, chacun transporte avec lui son petit univers de 10 ou 20 amis, que l’on peut contacter à toutes heures où qu’ils soi, et il en est pareil pour eux ; alors pourquoi s’emmerder à rencontrer de nouvelles personnes ? On est si bien entre soi et soi. C’est là la grande avancée : autour de cette planète le bipède n’a jamais été autant seul. Ou au plus ce bipède « vit » avec 20 ou 30 personnes selon son répertoire, les 7 milliards qu’il y a autour ??? Servent à quoi ? Les regards ne se croisent pas, un étrange silence s’installe, coupé par des onomatopées : allo, t’es là, t’es où, ça coupe ! Le pire, tous ces jeunots plein de sang (de navet) ne pensent même pas une seule seconde d’aller draguer cette jolie jeunette, que si moi, j’avais 20, allez, 30 ans de moins me ferait un plaisir à lui conter fleurette… Eux, les djeunes, rien, la tête dans le MP3, les doigts dans IPad, et la libido dans le sac à dos… « Ils » attendent parait-il que les filles fassent le 1erpas… Triste époque qui a réussi à congeler les poussés d’hormones de nos gamins pour en faire des Zombies-Phonies… Ou alors, un soir, « ils » se déchirent comme des gros bœufs à l’alcool, la coke, l’extasie, tout ça pris en même temps, et se sentent sûr d’eux les pauvres mignons, d’autant, que les filles ont consommées les mêmes merdes, et ça tourne en orgie, en tournantes en… J’dois vraiment être vieux, ou alors trop lucide, j’vais me rouler un pet !
Je suis allé en désespoir de cause à l’intérieur, y’avait une Tv qui passait les jeux olympiques. Ben, vous me croirez ou pas, ils étaient là, avec les écouteurs à l’oreille, moitié jeux olympiques, moitié, je parle dans le machin. C’est là que l’on se rend compte de la dispersion de chacun, incapable d’avoir une conversation de 2 minutes, de focaliser son attention plus de 5 minutes, et de s’intéresser à une autre personne plus de… 3 secondes.
Ce ferry plein de soleil… Habité par des grands noyers ; j’étais las, solitaire, sur le gaillard avant en ruminant ; tous des veaux en 3 G!
Le Français, ce grand communiquant, spontané et ouvert au monde
« En France, un tiers des personnes qui ont un Smartphone le touchent dès le réveil. Il en va de même lorsqu'ils se couchent», explique l'expert. La raison est simple. Un tiers des détenteurs de Smartphones utilisent la fonction réveil du Smartphone, activée au coucher et éteinte en se levant. De plus, les Français arrivent en tête, devant les Suédois, les Allemands, les Britanniques et les Américains, pour utiliser leur Smartphone pendant leurs transports, pour aller et revenir du travail ou de l'école. «En moyenne, 65% de la population utilise son Smartphone pendant les transports, car, en moyenne, les Français passent six heures par semaine dans les transports publics, ce qui est davantage que dans les autres pays étudiés», ajoute Michael Bjorn. »[1]
Entre parenthèse, bonjour la qualité de vie !
C’est vrai que nous sommes dans le pays où… Personne ou presque ne se parle. Essayez d’aborder un homme dans le train histoire de tuer le temps, ya de bonnes chances au début qu’il pense que vous êtes très certainement un homosexuel en quête d’un « quicky », et si en plus vous lui posez des questions « indiscrètes » sur son travail, où quelle ville habite –t-il ? Là, vous êtes considéré comme un agent d’espionnage d’une puissance étrangère, homosexuel qui cherche un quicky et qui va lui laver le cerveau avec un sérum de vérité mélangé à son café payé une fortune au wagon bar… Si c’est une femme, elle pensera d’entrée, toujours que vous en voulez qu’à ses « agapes », et si c’est un môme, sa maman pense tout de suite pédophile. Donc, ces téléphones pour le français sont le baume -béni de pouvoir ignorer le reste du monde, rester dans sa bulle, surtout ne pas s’intéresser aux autres qui de toute manière lui veulent du mal… L’enfer c’est les autres… D’un autres coté, j’adore ces gougnafiers qui s’installent en face de moi sur la banquette du métro et se mettent à raconter leur vie (passionnante) en vous gueulant dans les oreilles, vous n’en manquez pas une goutte au point qu’il vous est impossible de terminer l’article du Point, vous expliquant par le menu comment jouir 200 fois sans respirer. Lorsque le même gougnafier en a terminé, ben, il allume le MP3 à fond et vous devez subir les « scriiiiii-scrimm, » comme le son de canal + non décodé. Bien souvent lorsque enfin il se casse, il vous écrabouille les pieds, et vous regarde de travers du style « t’fais quoi avec tes pieds sous les miens, là l’bouffon ? »
Le Smartphone rend social, civilisé et en plus tu ne niques pas…
Allo ! Allo ? La terre ? Restent-ils des humains ?
Georges Zeter/septembre 2012