« Chine, la fin du faux », dans « Le Monde Eco & entreprise » du 2 octobre
Quand on a dépassé l'âge canonique de 2 000 ans, il est normal de développer un rapport au temps bien particulier. Comme le souligne le philosophe François Jullien, la pensée chinoise ne connaît ni héros, ni philosophie, ni modèles.
La victoire n'appartient pas au combattant valeureux mais à celui qui a su attendre le moment propice, sans chercher à bousculer le cours des choses. "Si le monde est en ordre, je participe, s'il est en désordre, je me préserve pour rester en vie", dit le sage.
C'est un peu l'histoire que nous raconte, dans ce numéro, l'économiste Michel Aglietta, auteur d'un ouvrage étonnant, La Voie chinoise. Capitalisme et empire, écrit avec Guo Bai (Odile Jacob, 432 pages, 39,90 euros).
Pour lui, le décollage chinois des vingt dernières années ne peut se lire qu'au regard à la fois des invariants de la culture chinoise (le rôle unificateur de l'empire, et social de la famille) et de l'héritage maoïste en matière d'éducation et de réformes agraires.
Le moment propice s'est produit dans les années 1980 quand la productivité agricole a libéré des bras pour l'industrie. Comme le bon général de Sun Tzu, qui sait attendre son heure pour remporter une victoire facile, le vieux Deng Xiaoping a alors enclenché le processus en libéralisant progressivement le marché.
ARROGANTS CARTÉSIENS D'OCCIDENTAUX
C'est pour cela que la Chine ne supporte pas qu'on lui impose un calendrier qui n'est pas le sien. Et surtout pas ces arrogants cartésiens d'Occidentaux. C'est exactement ce qui est en train de se produire en matière de propriété industrielle. Voilà plus d'une dizaine d'années que les compagnies étrangères fustigent le laxisme, voire la complicité des autorités en matière de copies illicites. Il est largement établi désormais que les trains rapides chinois, développés en une poignée d'années, s'inspirent largement des technologies japonaise, allemande et française.
Mais, comme le Japon, Taïwan et la Corée du Sud en ont fait l'expérience avant lui, l'indispensable montée sur l'échelle de la valeur, destinée à compenser la hausse des salaires, impose à l'empire du Milieu de quitter les eaux calmes de l'imitation pour la mer plus incertaine de l'innovation. A son rythme...
Il le fait aujourd'hui parce que ses entreprises sont désormais les premières victimes de ces pratiques. Le bulldozer chinois se met donc en marche. Partant de la côte orientale, il lui faudra des années pour atteindre les villes de l'intérieur profond. A la vitesse d'émergence de la Chine 2.0.
Philippe Escande
A lire sur ce sujet dans « Le Monde Eco & entreprise », dans l’édition Abonnés du Monde.fr ou dans Le Monde daté mardi 2 octobre :
- Chine, la fin du faux (La longue marche de la Chine de la contrefaçon à l’innovation), par Harold Thibault.
Dans les étages d'une tour encore à moitié vide d'une zone industrielle de Shenzhen, dans le sud-est de la Chine, les bureaux de Visture n'ont rien de la Silicon Valley. Les fenêtres donnent sur les grues du port de marchandises. On est bien loin de Cupertino et du siège d'Apple.
- Pékin 2.0, par Philippe Escande.
- Entretien avec Emmanuel Meril, avocat associé au cabinet Lefèvre Pelletier & Associés, à Shanghaï, en Chine : « On oppose trop souvent chinois copieur et étranger copié », propos recueillis par Harold Thibault.
Emmanuel Meril, vous exercez en Chine depuis plus de vingt ans. Les marques chinoises commencent-elles à se défendre ? On oppose trop souvent chinois copieur et étranger copié...
- L’esprit du « Shanzhai », recréation fantaisiste et rebelle du réel, par Brice Pedroletti.
- Entretien avec Montgomery Ho, directeur de la banque HSBC en Chine : « Bien choisir son partenaire », propos recueillis par Philippe Escande.
A lire aussi dans « Le Monde éco & entreprise » :
Actualité
- L’engrenage de la déflation, par Nicolas Baverez.
- Le mot : « Indemnité », par Pierre Jullien.
Le 1er septembre 1789, un décret de l'Assemblée, reprenant la tradition selon laquelle les membres des Etats généraux étaient indemnisés de leurs frais de séjour et de déplacement, fixait l'indemnité des députés à 18 livres par jour. Aujourd'hui, 223 ans plus tard, les députés reçoivent - outre les moyens de rémunérer leurs collaborateurs - une indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) mensuelle de 6 412 euros...
- Un homme de fer au charbon (Le PDG de Glancore, Ivan Glasenberg, est un as des matières premières, mais il a dû plier devant ses actionnaires), par Marc Roche.
- Le quiz : En Bourse, pour être valable, un ordre d’achat devra être maintenu combien de temps après une décision de la commission des affaires économiques du Parlement européen ?, par Adrien de Tricornot.
- Entretien avec Xavier Huillard, PDG de Vinci et président de l’Institut de l’entreprise : « Il faut arrêter de se focaliser sur les PME ! », propos recueillis par Philippe Escande et Cédric Pietralunga.
Le PDG de Vinci et président de l'Institut de l'entreprise défend avec vigueur la place des grands groupes français dans l'économie et l'intérêt pour les collectivités de nouer des partenariats avec le privé pour la mise en place de leurs équipements.
- Partenariats public-privé : le privé est plus efficace (entretien avec Xavier Huillard, PDG de Vinci et président de l’Institut de l’entreprise), propos recueillis par Philippe Escande et Cédric Pietralunga.
Innovation
- La robotique française attise les convoitise, par Julien Dupont-Calbo.
La voix est métallique, étrangement douce. "Bonjour !" Chez Aldebaran, c'est NAO le robot qui officie à l'accueil. Les 180 experts en logique, mécanique, électronique ou informatique qui passent devant le petit humanoïde de 56 centimètres ont pris l'habitude de le saluer comme un banal collègue. L'endroit, un ancien bâtiment EDF à deux pas de la gare Montparnasse, à Paris, a vu naître 2 600 NAO, dans une maternité qui ressemblerait plus à un atelier artisanal qu'à une usine futur ...
- « Kompaï », un second qui n’a pas encore trouvé sa place, par Stéphane Thépot.
- Prendre le temps d’écrire pour mieux innover, par Julie Battilana.
- L’iPhone 5 : presque 5 sur 5, par Joël Morio.
Par rapport aux autres smartphones, l'iPhone 5 se distingue par un design racé. Mais, chez Apple, la reconnaissance vocale reste à peaufiner et le nouveau système de cartographie déçoit. Le dernier téléphone d'Apple a suscité des réactions mitigées lors de sa sortie vendredi 21 septembre...
- La lettre de San Francisco : Financez votre artiste sur Internet, par Jérôme Marin.
Idées
Le Prix FIR-PRI « Finance et développement durable » décerne trois prix et trois bourses pour encourager la recherche. Ce prix organisé chaque année depuis 7 ans par le Forum de l’investissement responsable (FIR) et les « Principles For Responsable » (FIR) – une initiative de l’ONU – est soutenu par Allianz Amundi, APG, la Caisse des dépôts, Dexia, FRR, Generali, Groupama, Macif Gestion, Natixis, Oddo Securities, Paris Europlace, le RAFP et Sycomore Asset Management.
- « Les investisseurs sont plus sensibles à la cohérence des politiques qu’aux démonstrations de bonne conduite », par Ioannis Oikonomou (prix de la meilleure thèse).
La littérature académique concernant le lien entre le comportement "responsable" des entreprises (RSE) et leur performance financière est déjà extrêmement abondante. En quoi vos travaux innovent-ils dans ce domaine déjà très couvert ? Ioannis Oikonomou, prix de la "meilleure thèse": Ma thèse...
- « La gouvernance des fonds ISR influe directement sur leur performance », par Enguerran Petit (meilleur master).
- « La contrainte réglementaire pousse à innover », par Stefan Ambec (meilleur article).
Le Prix du livre RH 2012.
Le douzième Prix du livre « Ressources humaines Sciences Po-Syntec Recrutement » est décerné le mardi 2 octobre à l’un des quatre ouvrages suivants, sélectionnés par les étudiants du master Gestion des ressources humaines de Sciences Po, parmi les ouvrages parus récemment.
- Les Chômeurs de Moulinex, par Manuella Roupnel-Fuentes. PUF, 2011, 360 pages, 27 euros (chronique de Bertrand Bissuel). - Ce qui tue le travail, de Francis Ginsbourger. Michalon, 2010, 192 pages, 17 euros (chronique d’Anne Rodier). - RH au quotidien. 100 fiches, sous la direction de Charles-Henri Besseyre des Horts. Dunod et ANDRH, 2011, 624 pages, 55 euros (chronique d’Antoine Reverchon). - Lost in management. La vie quotidienne des entreprises au XXIe siècle, de François Dupuy. Le Seuil, 2011, 276 pages, 20 euros (chronique d’Anne Rodier).Et aussi :
- La Chine, prochain stade suprême du capitalisme (à propos du livre de Michel Aglietta et Guo Bai, La Voie chinoise. Capitalisme et empire. Odile Jacob, 432 pages, 39,90 euros), par Philippe Escande et Antoine Reverchon.La lecture dominante de l'ascension économique de la Chine au cours des trente dernières années est celle de la "conversion" d'un pays communiste à l'économie de marché, à l'instar de l'ancien empire soviétique. La planète entière se serait ralliée au capitalisme occidental, car ce modèle est le seul à même d'assurer prospérité et croissance.
Cette vision est rejetée par Michel Aglietta et Guo Bai dans un ouvrage qui renouvelle complètement l'interprétation de la "réforme" en ...
Management
- La crise accélère l’individualisation des salaires, par Anne Rodier.
D'aucuns y voient l'opportunité d'améliorer la gestion de la performance. Durablement, c'est aussi un risque de perte des compétences. En 2013, davantage qu'en 2012, la règle d'or des politiques de rémunération sera de limiter les augmentations générales. L'enquête de rémunération Mercer...
- Les pièges du treizième mois, par Francis Kessler.
- Aux Jeux olympiques, les personnes à mobilité réduite sont aussi présentes dans les gradins (Malik Badsi - ci-contre - a créé une agence de voyages spécialisée dans l’accès des handicapés aux événements sportifs et culturels), par Anne Rodier.Argent
- Les livrets réglementés imbattables pour placer ses liquidités, par Agnès Lambert.
- Le PEA et l’assurance-vie sont, plus que jamais, à privilégier, par Nathalie Cheysson-Kaplan.
Histoire
- L’empereur romain Probus (ci-dessus, monnaie de Probus) encourage la production de vin en Gaule, par Pierre Bezbakh. Si les Grecs introduisirent la vigne vers 600 avant Jésus-Christ, on doit à l'Empire romain son développement, qui devait permettre de relancer une économie à l'époque en crise.... et à la France de devenir le premier producteur mondial de vin bien des années plus tard. La mort de Valerius Probus (276-282) qui fut assassiné comme nombre d'empereurs de ce temps ne mit pas fin à l'essor de la vigne dont il était à l'origine: le vignoble de Saint-Emilion aurait vu le jour à son époque...- Goldman Sachs : la banque qui dirige le monde Le Monde.fr
- «La France devra-t-elle rouvrir ses mines ?», dans «Le Monde Eco & entreprise» du 11 septembre
- Caché, volé, racheté : l'histoire folle d'un manuscrit de Sade Le Monde.fr
- « La fin de la Bourse de Paris ? » dans « Le Monde Eco & entreprise » du 4 septembre
- Deux jeunes tués dans une bagarre à Echirolles, près de Grenoble Le Monde.fr
- http://lemonde-emploi.blog.lemonde.fr/2012/10/02/chine-la...
Je précise que cette article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog