Didier Jeunesse - Noël Roux, Lauranne Quentric
Même si on sait bien que la peine, la tristesse et le chagrin font partie de l’apprentissage de la vie, on voudrait les épargner. Même si c’est impossible.
Depuis la rentrée, je propose régulièrement à l’Intello-à-lunettes d’aller dire bonjour à sa maîtresse de l’année dernière quand on va chercher Attila. Et systématiquement, il décline «pas aujourd’hui ». Un soir au moment du coucher, j’ai insisté un peu pour comprendre. Et là, j’ai eu droit à une crise de larmes qui m’a fendu le cœur sur l’air de «c’est pas juste». C’est pas juste de changer de maîtresse, de changer d’école et de plus la voir. Non, c’est pas juste… Et aller la voir c’est prendre le risque d’être «trop triste. Encore plus…».
Alors demain, on va prendre le temps, tous les deux, d’écrire un petit mot et de faire un joli dessin pour expliquer à la maîtresse en question pour quelle raison on ne vient pas lui dire bonjour, comme promis au dernier jour de classe en juillet dernier.
Un petit mot pour lui dire qu’il pense à elle.
Un petit mot pour tenter de soulager un grand chagrin.
Parmi les belles réussites de cette institutrice, il y a un superbe livre-photos, si poétique, que je ne me lasse pas de regarder. Avec les enfants elle a mis en scène en photo les illustrations d’un livre, La Tendresse, basé sur les paroles d’une chanson interprétée par Bourvil en 1963. Je t'invite à écouter la chanson, et à lire les paroles si touchantes (miévrerie quand tu nous tiens... mais j'assume).
La Tendresse ~ Bourvil
On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y'en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas
On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Etre inconnu dans l'histoire
Et s'en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n'en est pas question
Non, non, non, non
Il n'en est pas question
Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment
Le travail est nécessaire
Mais s'il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien... on s'y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous parait long
Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l'amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L'amour ne serait rien
Non, non, non, non
L'amour ne serait rien
Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n'est plus qu'un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D'un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n'irait pas plus loin
Un enfant vous embrasse
Parce qu'on le rend heureux
Tous nos chagrins s'effacent
On a les larmes aux yeux
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu...
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos cœurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l'amour
Règne l'amour
Jusqu'à la fin des jours