Magazine Journal intime

Fiff – day 4 – Et si on vivait tous ensemble

Publié le 02 octobre 2012 par Anaïs Valente

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Pour ce film, j'ai eu le plaisir de vivre ma seconde expérience d'un film adapté aux aveugles et malvoyants, une séance Amis des aveugles (à noter que l'asbl Amis des aveugles s'appelle ainsi et non pas Amis de non-voyants, car comme disait l'autre, on a beau dire non-voyants plutôt qu'aveugles, c'est pas pour ça qu'ils verront mieux qu'avant).

Seconde expérience donc, encore plus intéressante.  Pas parce que j'avais vécu un calvaire lors de la première, victime d'un genre de réaction d'intolérance intestinale à un milk-shake avalé juste avant le film, réaction vécue au Caméo 2 (j'entends par là la salle 2 du Caméo 2), savoir la salle la plus abominable du monde, oùskon est serré comme une sardine en boîte et oùskon peut pas s'en aller en cas de réaction intestinale.  Ah, je m'en souviendra, de cette heure quinze à me trémousser de douleur sur mon siège, pour finalement m'enfuir et louper la fin du film.  Bref.

Cette année, point de milk-shake, j'évite d'ailleurs d'en boire depuis, me contentant de mon habituel lait de soja, merci le soja.  Point de Caméo 2 non plus, puisque le Caméo est fermé, le pauvre.  Mais toujours des sièges inconfortables, à la Maison de la culture, endroit où il est conseillé de ne pas mesurer plus d'un mètre cinquante. 

Mais cette année, l'expérience s'enrichit, puisque, avant la séance adaptée aux aveugles, savoir avec des commentaires vocaux situant l'action, il nous est proposé de regarder, enfin d'écouter, les dix premières minutes du film, en version "normale", yeux couverts par un bandeau.

J'obtempère, intriguée, et je découvre donc les dix premières minutes de Et si on vivait tous ensemble.  Je découvre que je ne comprends rien.  Je découvre que sans l'image, je patauge dans la semoule.  Je découvre que le cinéma actuel, comme on nous l'a dit, privilégie l'image au son.  Exemple : le personnage demande "vous n'avez rien de plus gai ?".  Je me dis "elle achète de fringues".  Le vendeur parle de literie.  Je me dis "non, elle achète un lit ou une couette".  Enfin, elle conclut en évoquant son enterrement, et je comprends qu'elle achète un cercueil et tout ce qui va dedans.  Sans l'image, la compréhension est un challenge.

Ensuite, nous visionnons à nouveaux nos dix minutes, ainsi que la suite du film, avec les commentaires.  Toujours avec le bandeau, puis sans.  Et de réaliser à quel point ces bandes sonores adaptées sont d'une utilité dingue pour toutes les personnes à la vue imparfaite.  Merci à cette asbl d'exister, pour elle.

Quant à nous, les voyants, c'est une expérience à vivre qu'un film adapté de la sorte, même si elle gâche un chouia l'effet de surprise, puisque bien souvent, les détails de la scène sont annoncés avant, genre "elle est nue devant sa glace" alors qu'elle ne l'est pas encore ou "enterrement du chien Ratapouf" alors que j'ignorais que Patapouf avait déjà poussé son dernier soupir.

Trêve de bavardages, viens-en au film ma petite Anaïs.

Et bien le film est une réussite.  Plein de fraîcheur, de tendresse et d'émotions en tous genres, avec cette brochette de stars du cinéma incarnant une bande d'amis de longue date qui, touchés de près ou de loin par la maladie ou les affres de la vieillesse, vont se lancer dans la cohabitation, avec tous les avantages qu'elle représente… mais également tous les inconvénients.

Une sorte de colonie de vacances du troisième âge quoi.  Enfin une colonie qui dure plus longtemps qu'une colonie.

Pierre Richard y est incroyable de justesse dans le rôle d'Albert, atteint d'Alzheimer (drôle de destin, j'ai connu moi aussi un Albert atteint de cette putain de maladie).  En fait tous jouent incroyablement bien, même le chien (hé, c'est important le rôle du chien) mais c'est Pierre Richard qui m'a le plus touchée, ceci expliquant cela. 

Une colonie donc, parfois joyeuse, parfois râleuse, parfois rêveuse, parfois pleureuse.

Un film qui, malgré ses scènes souvent comiques, pose, l'air de rien, la question de la place des seniors dans notre société, seniors que l'on parque bien souvent en maison de repos, car la vie ou les relations compliquées ne permettent plus de les reprendre à la maison.  Et de me dire que la cohabitation est vraiment une chouette solution pour échapper aux maisons de repos, qu'on se le dise…  personnellement, ça me tenterait bien de finir mes jours en colloc, avec jardin, piscine et chien, plutôt que dans un mouroir oùsque personne ne viendra me voir, rhaaaaaaaaaaa…

A découvrir en DVD, puisque le film est sorti il y a quelque mois déjà…

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