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The New Normal, première (petite) déception de la rentrée des séries US

Publié le 03 octobre 2012 par Vinsh
The New Normal, première (petite) déception de la rentrée des séries US
A la télé US, Ryan Murphy a du flair depuis maintenant une bonne décennie. Il a aussi le don de te ruiner un concept que tout le monde trouvait génial au début. Nip/Tuck a tutoyé des sommets de subversion, de drôlerie, de glauquitude et d'amoralité, qui l'ont amenée en 2005 à arracher le Golden Globe de la meilleure série dramatique au nez et à la barbe de Lost, Les Sopranos ou 24... avant de tourner en rond et de sérieusement s'essouffler autour de ses personnages qui ne sortaient jamais de leurs travers. Drogue, adultère, inceste, secte, vols, viols, prison, changement d'identité sexuelle, mutilations génitales, suicides, femme qui se tranche les seins au couteau électrique dans la salle d'attente de la clinique Troy/McNamara (c'est à peu près là que j'ai arrêté de regarder) : Nip/Tuck nous aura presque tout fait, mettant six saisons à accoucher du constat quelque peu déprimant que les enfoirés ne changent jamais et que les gens qui sont toxiques les uns pour les autres, même s'ils s'aiment, ne peuvent vieillir ensemble. Les répliques bitchy, scènes de cul plus ou moins explicites et atrocités esthétiques voulues ou subies par les patients ayant, quant à elles, fini par nous laisser de marbre malgré quelques froncements de nez ça et là. Pour sauter par la fenêtre, c'est par là.
Glee suit un peu le même chemin. De phénomène camp et décalé à son lancement, la série musicale de Ryan Murphy (qui osait là une rupture de ton assez imprévisible, donc savoureuse, avec Nip/Tuck), pourtant elle aussi détentrice d'un Golden Globe de la meilleure série (comique, cette fois-ci), est devenue un long et pénible chewing-gum qu'on a la flemme de jeter parce qu'il a encore un peu de goût mais qui commence un peu à nous fatiguer la mâchoire (et le reste). Incohérences scénaristiques, logique incompréhensible des personnages, guests à tous les étages pour masquer le manque de direction claire prise par tout ça, personnages principaux trop mis en avant, personnages secondaires imposés comme par magie au premier plan dans la quatrième saison vu que tous les autres sont partis (c'est sûr, quand il n'y a plus ni Corey Monteith, ni Naya Riveira, ni Lea Michele, ni Mark Salling, ni Dianna Agron, ni Amber Riley, ni Chris Colfer, le Glee Club a l'air un peu désert), et sacrifice incompréhensible du personnage de Sue Sylvester : Glee est un nouvel exemple du chic de Ryan Murphy pour saloper un concept sympa. Ou plutôt, pour en faire une bête poule aux oeufs d'or qui vend des singles de reprises à la pelle sur iTunes et dispense de temps en temps une leçon de morale foireuse sur le bullying, le suicide des adolescents, les femmes battues ou les inquiétudes des adolescents face à l'avenir, au milieu d'une intrigue globale qui ne veut pas dire grand'chose (et dont le seul fil rouge à peu près cohérent, mais souvent perdu de vue, est l'objectif de victoire à une compétition nationale de chorales). L'autre jour j'ai été amener lors d'une conversation à avouer avec un peu d'embarras que je regardais Glee. Mais ce n'est plus le même embarras qu'il y a encore deux ans, où le phénomène de masse donnait la rassurante impression de valider ce goût de chiottes choix. 
L'année dernière, Ryan Murphy a peut-être trouvé la parade à sa sale habitude en lançant American Horror Story, une série qui se présente sous forme de mini-série : chaque saison est indépendante et met en place une nouvelle intrigue, de nouveaux personnages, bref un cadre. Contrairement à Glee, l'ami Ryan n'a pas, potentiellement, deux ou trois saisons supplémentaires devant lui pour faire traîner ses intrigues ou introduire des personnages qui ne servent à rien (Sugar Motta, anyone ?) : il a exactement douze épisodes pour boucler son intrigue, avec un minimum de cohérence et, si possible d'éclat. Ce qui constitue le terreau idéal pour que Ryan Murphy et ses potes mettent en valeur leurs panoplies de personnages fantasques, de répliques cinglantes, de provocations cochonnes et d'esthétique étrange quelque part entre le cheap et le pointu... sans laisser tout ça fâner et pourrir sous nos yeux. A voir si la saison  2 de la sympathique série horrifique se maintient, mais si Ryan Murphy n'a plus besoin d'être cohérent par rapport à la saison 1, c'est déjà un grand soulagement pour lui.
The New Normal, première (petite) déception de la rentrée des séries US
Mais du coup, avec l'arrivée de The New Normal, je dois dire que je ne comprends plus rien. J'ai, comme bien d'autres, cette habitude idiote de comparer chaque nouvelle réalisation d'un mec à ce qu'il a fait précédemment. C'est pour ça que j'ai trouvé Gran Torino un peu naze et dans la redite alors que, si je n'avais pas vu Million Dollar Baby, L'Echange et Lettres d'Iwo Jima dans les mois précédents, j'aurais sûrement trouvé ça très sympa. Et dans le cas de The New Normal, je suis un peu circonspect : quel est donc ce produit sans saveur et sans odeur ? Comment cela peut-il venir du même créateur que Nip/Tuck ou American Horror Story ? C'est d'autant plus décevant que le pitch semblait assez intéressant, avec un potentiel comique et subversif assez fort (un couple gay et la mère porteuse qu'ils embauchent, elle-même déjà maman d'une fillette un peu quirky, vivent les affres de la grossesse tous ensemble). Alors certes, on est sur NBC, et il y avait même la très familiale ABC sur les rangs pour diffuser le nouveau bébé de Murphy. Mais je ne vois pas en quoi c'est une excuse pour une série aussi molle, politiquement correcte et franchement pas très drôle. Desperate Housewives et Glee, par exemple, en dépit de diffusions sur des networks familiaux, voire frileux (voire carrément conservateurs) ont su tempérer leurs intrigues édulcorées sans gros mots et sans fesses par un humour un peu noir, des dialogues ciselés, des personnages bien campés... Là, rien. Pour une bonne idée (Ellen Barkin en vieille peau républicaine... assez marrante, répliques pas trop mal écrites même si on dirait su sous-Sue Sylvester, mais malheureusement pas assez constante ni convaincante dans son rôle de vilaine homophobe qui fera tout pour empêcher sa petite fille de donner naissance à "l'enfant de Satan"), dix trucs sans intérêt, de la godiche sans charisme qui sert d'héroïne, à des situations trop proprettes pour nous laisser imaginer un sous-texte trash, en passant par un Justin Bartha dont on se demande un peu ce qu'il fout là (mais après tout why not) ou une NeNe Leakes récupérée dans les poubelles de Glee où son personnage de coach Roz était l'un des rares intérêts de la saison 3. Quant à Andrew Rannells, la moitié "folle" du couple gay (qu'on a déjà aperçu cette année dans le - petit - rôle d'Elijah, dans Girls), il cumule tous les tics crispants de Chris Colfer sans sa profondeur ni ses aspects touchants. C'est bien simple, on arrive au quatrième épisode et je n'ai toujours pas rigolé. Encore deux épisodes et j'arrête les frais (ouais je suis patient) (et puis il paraît que Leisha 'The L Word' Hailey va bientôt être guest, de même que George 'Star Trek' Takei et... Nicole Richie) (euh, elle est actrice elle ?) (comme quoi, ce truc des guests, ça accroche quand même). J'avais peut-être trop d'attentes. Pourtant, j'aurais dû me rappeler : c'est du Ryan Murphy.

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