Magazine Journal intime

Nuit blanche à Paris

Publié le 07 octobre 2012 par Stella
Hier nuit, pour me changer de mes petites activités quotidiennes rémunérées qui me tiennent enfermée au journal, je suis allée faire un tour dehors pour la "nuit blanche". Sensée exposer au grand public la fine fleur de l'art moderne, elle permet aussi d'explorer de nouveaux lieux et de voir quelques installations éphémères dont certaines aspirent à être remarquables. Je dis bien "un tour dehors" puisque nous (mon camarade d'infortune et moi-même) avons commencé les festivités en restant deux heures à contempler les murs derrière le théâtre de Chaillot. Par chance, nous avions une vue imprenable sur la tour Eiffel côté jardin, ce qui nous a permis d'admirer son "habit de lumière" clignotant au moins une fois avant d'être coincés, en plein courant d'air, dans un escalier. The Clock, montage cinématographique de 24 heures, coordonné à la seconde près avec la montre que nous portons tous au poignet, est fort intéressant. Une somme incroyable d'extraits de films, sur le leitmotiv du temps qui passe. Chaque extrait est relié à celui qui précède et celui qui suit par un objet : un téléphone qui sonne, un portrait que l'on contemple, un lit... Amusant, instructif et plutôt époustouflant de maestria question montage et à-propos. Nous sommes restés une heure. Je me suis endormie. Nous sommes donc restés une heure et demi. Puis mon camarade, passablement agacé par l'inaction, m'encouragea à sortir. Il est vrai qu'il avait assisté à la "performance" pendant plus de quatre heures lors de la biennale de Venise en 2011. On le comprend... bis repetita gnagnagna... D'un pas alerte, nous sommes donc partis en direction du Palais de Tokyo. Il y a actuellement une très belle expo sur l'imaginaire et, à ce qu'il m'en souvient, une installation éphémère. Mais il était presque 2 h du matin et... tout était terminé. Comme quoi, la nuit blanche n'est pas nuit pour tout le monde. Il y a des gens pour qui c'est du travail et qui aimeraient aller se coucher, madame. Du coup, sur le parvis, nous nous sommes attachés à écouter un extrait des quelque cent cinq heures d'enregistrement de La Recherche du temps perdu (oui oui, celle de Proust, pas celle des visiteurs de la Nuit blanche...), lue par tranche d'un quart d'heure par des quidams gentiment enregistrés et filmés en plan fixe. C'était bien, mais sous la pluie, l'exercice a ses limites. Ah oui, j'oubliais : il pleuvait à verse hier nuit. Par bonheur, nous avions pris un parapluie, parce que ce n'est pas à Paris qu'on peut trouver des vendeurs à la sauvette qui vous dépannent pour 5 euros. C'est réservé à toutes les autres capitales européennes... Bref. Donc la petite madeleine était un peu noyée par les trombes d'eau (froide) qui se déversaient de la céleste théière. D'ailleurs, je crois bien qu'il s'agissait d'un extrait de Sodome et Gomorrhe ce qui, vu l'ambiance humide, ne manquait pas de sel ! Après un tour rapide dans le musée d'art moderne, où l'on nous pria sans amabilité de déposer notre parapluie au vestiaire, nous sommes redescendus en direction du pont de l'Alma. Un coup d'oeil au théâtre des Champs-Elysées, pour se dire que décidément, il n'y avait pas que des artistes excellents à l'oeuvre dans les lieux publics, nous sommes partis vers le pont Alexandre III. Je ne me souviens plus de ce que nous devions y voir, car nous n'y sommes jamais parvenus. Epuisés, nous bifurqué direction la maison. C'est à ce moment-là que la soirée est devenue carrément sympathique. Je ne dis rien des taxis qui n'étaient vides que parce qu'ils fonçaient à toute berzingue sans voir aucun des malheureux sémaphores en rade sur les trottoirs. (Quand on cherche un taxi sous la pluie, on est toujours, mais alors TOUJOURS du mauvais côté de la rue.) Je préfère m'en prendre à la Ratp, cette entreprise qui nous tient tous mais pas forcément à coeur. Le Noctilien, fameux bus de nuit, relie les Champs Elysées à Nation toutes les nuits SAUF celle dite Nuit Blanche. Ben oui, madame, sinon 1. ce ne serait pas du jeu et 2. si c'est pour aller vous coucher, ce n'est pas une nuit blanche. C'est passablement déprimés que nous découvrons, place de la Concorde, que le métro est ouvert. Ouiiiiii... la ligne 1 circule ! Elle va nous mener à quelques minutes à pied de notre destination ! D'un coup, on se prendrait à chérir cette bonne vieille Ratp et à regretter cet instant d'humeur. Ah mais non, madame, vous plaisantez : il y a bien un train toutes les 7 minutes jusqu'à 4 h 30 mais il ne s'arrête pas partout. Il y a même des kilomètres à faire entre l'arrêt qui vous est concédé et ce lit qui vous paraît désormais de plus en plus improbable. Maiz'enfin, une balade dans Paris la nuit, c'est quand même romantique, non ? Moi, le romantisme, je le mets ailleurs. Et puis j'ai une question : cette navette automatique, qui s'apparente à mon goût à l'opération de communication mal faite de la Ratp, circulait jusqu'à 4 h 30. Reprise du service normal à 5 h 30. Quid des malheureux qui voulaient prendre le métro entre 4 h 30 et 5 h 30 ?... Remarquez qu'après des lustres passés à attendre sous la pluie, on n'est plus à une heure près. Enfin voilà : de la Nuit blanche 2012, il va me rester surtout des impression ferroviaires. Je ne suis pas sûre de poser ma candidature pour l'édition 2013.

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